En Charente on dit, lorsqu'une jeune fille "commence à se sentir" que "le Diab' lî buffe dans les cot'yons". Elle fait la coquette et ne tarde pas à courir après les grçons.
On dit également que lorsque son cottillon (maintenant sa combinaison) dépasseus sa robe, c'est qu'elle cherche un amoureux, ou une belle-mère.
Quand elle se gratte le nez, c'est qu'un vieux désire l'embrasser ou qu'un jeune en meurt d'envie, mais n'ose se déclarer.
Quand elle perd sa jarretière, ou un peigne, ou encore une épingle à cheveux, c'est que son amoureux pense à elle. Si cet accident arrive à une femme mariée, c'est la trahison des infidélités qu'elle fait à son mari.
Quand une jeune fille rencontre un marin, elle doit bien vite pincer quelqu'un pour être assurée de trouver un amoureux et d'avoir du bonheur.
Dans l'Angoumois, "la part du diable" es une curieuse variante qui consiste à faire arracher par une autre personne un nombre quelconque de pétales avant de commencer à effeuiller.
Ces interrogations ne sont pas toujours nécessaires car il est des signes certains qui partout révèlent qu'une jeune fille a un amoureux :
- Quand elle coupe un pépin en partageant une pomme, c'est que son amoureux pense à elle ou bien qu'une ronce s'attache à sa robe ou à un jupon ;
- Quand une jeune femme porte, par mégarde, un fil attaché à sa robe, c'est qu'un vieillard la poursuit de ses assiduités.
Celle ou celui qui a les mains chaudes est amoureux et "désire se marier" ; mais, dans le Ruffecois, on précise que celui qui a les mains froides est amoureux d'une vieille et celui qui les a chaudes, d'une jeune.
Dans les Charentes, pour voir son futur en chair et en os, il suffit d'être assez patient pour compter :
- 99 étoiles pendant neuf jours consécutifs ;
- 100 bateliers ou 100 voitures pendant qu'on se trouve sur un pont ;
- 100 chevaux blancs ;
- 100 automobiles ayant toutes par exemple le numéro 21 sur leur plaque minéralogique.
Après cela, la première personne de sexe différent à qui on serre la main sera le futur conjoint.
A la saison des petits pois rechercher une gousse à sept grains ; chaque matin jeter un des grains par la fenêtre, sans regarder ; le septième matin, la première personne de sexe différent qui passera sous la fenêtre sera celle que l'on épousera.
La jeune fille qui voulait connaître son époux tendait devant sa porte un fil de chanvre qu'elle avait filé avant le lever du soleil, et le premier homme qui marchait dessus était l'époux attendu.
La jeune Angoumoise qui voit fleurir, au lieu de se dessécher, le boçuton de chardon qu'elle a mis dans sa poche, est assurée de se marier dans l'année.
Des deux jeunes filles qui tirent au crochet la clavicule et l'omoplate d'un poulet, celle qui conserve le plus long morceau se mariera dans l'année. L'autre se fait moquer et on dit qu'elle reste au crochet.
On verra son mariage retardé, ou on ne se mariera pas, si :
- On marche sur la queue d'un chat noir ;
- On s'entend appeler "madame" ;
- On lave des sacs au cours d'une lessive ;
- Quelqu'un brise une soupière ;
- On ne fait pas entrer d'un coup sec le biscuit mis en équilibre dans ce but, sur le bord d'un verre plein de vin ;
- On "torche la poêle" ou le plat qui vient de se finir ;
- On brasse maladroitement la salade - autant de feuilles tombées du saladier, autant d'années à attendre un amoureux.
Ne pas chanter en mangeant, ni en lavant, votre galant risquerait de devenir fou.
Dans la Saintonge, pour se marier dans un bref délai, il faut essayer de passer à travers une châtière pratiquée dans les ruines du donjon de Cozes (commune de Marennes, en Charente-Maritime) et appelée le Trou de Mariée. L'acte est d'autant plus difficile qu'il s'y trouve des ronces, et que le rite est d'y passer neuf fois sans que le jupon ou la robe ne s'y accroche.
Marc Leproux, Contes, récits et légendes des pays de France
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