Chaque jour des espèces végétales disparaissent à jamais, dans l'ignorance ou l'indifférence générale ; il en est ainsi de la cardère des villes.
Malgré les apparences, avec leurs longues bractées munies d'aiguillons piquants dressées sur une longue tuge droite épineuse, les cardères ne sont pas des chardons.
La cardère sauvage se trouve partout, dans les lieux incultes, fossés, terrains vagues.
Ses graines sont très recherchées par les oiseaux, ses feuilles forment une cuvette recueillant l'eau de pluie qui leur sert d'abreuvoir, ses petites fleurs rose-violet attirent les papillons et les abeilles.
Cette cardère-là a les épines, droites.
La cardère des villes, elle, est munie d'aiguillons très denses recourbés vers le bas.
Incapable de survivre dans la nature sans être binée, désherbée, arrosée, la cardère bénéficiait depuis l'Antiquité de toute l'attention de l'homme car sa culture valait de l'or : dans les manufactures de draps fins, elle assurait le cardage en finesse, avec ses sortes de peignes sur lesquels étaient enfilés ses capitules secs.
La brosse métallique l'a définitivement supplantée.
L'homme n'ayant plus besoin de ses services, la cardère des villes était condamnée à disparaître.
Des amoureux de la nature se sont mobilisés pour en récupérer les graines et les distribuer à tous ceux qui désirent sauvegarder notre patrimoine botanique.