Chez Nous
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Chez Nous

Tu entres, ici dans un havre de paix ...
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-20%
Le deal à ne pas rater :
Oceanic – Climatiseur monobloc réversible mobile 3530 W /12000 BTU
254.99 € 319.99 €
Voir le deal

 

 Le diable et ses suppôts en Charentes

Aller en bas 
AuteurMessage
Joa
Admin
Admin
Joa


Nombre de messages : 13100
Age : 76
Localisation : Martigues
Réputation : 0
Date d'inscription : 19/02/2006

Le diable et ses suppôts en Charentes Empty
MessageSujet: Le diable et ses suppôts en Charentes   Le diable et ses suppôts en Charentes EmptyMer 16 Jan - 9:53

Le diable charentais


Dans les Charentes, il apparaît presque toujours sous une forme ordinaire, quelquefois gigantesque, ou même naine. C'est un voyageur inoffensif qui vous rencontre et poursuit son chemin avec vous ; ses traits peuvent vous être inconnus, mais ils peuvent aussi prendre l'aspect d'une personne amie. Parfois, c'est une belle jeune fille, qui profite de ses charmes pour vous perdre. le plus souvent, il prend l'aspect d'un homme de belle tournure, vêtu de noir, mais, si on l'examine de près, on aperçoit ses ongles terminés en griffes ; sous les pans de son habit il dissimule sa queue ; sa coiffure cache les cornes pointant sur sa tête ; l'un de ses pieds, au moins, est fourchu comme celui d'un bouc.

Quelquefois, le diable apparaît sous les traits d'un voyageur serviable, très respectueux de Dieu, mais se révèle par une prouesse dépassant les limites du commun, comme nous le prouve le récit suivant recueilli par Favraud, qui le tenait du curé de Bardenac lui-même.
Au mois d'Août 1886, un cultivateur remontait la côte de Brossac avec une charrette de gerbes ; l'attelage brusquement s'arrêta ; imprécations, jurons, coups, rien ne peut le faire démarrer. Un inconnu s'approcha et dit :
- Vous offensez Dieu, vous faites souffrir vos animaux bien inutilement. Voulez-vous me permettre de vous aider ?

- Je le veux bien !
Le voyageur s'empare de l'aiguillon et, sans mot dire, se place devant l'attelage qui s'ébranle et escalade la côte sans effort. le paysan ravi veur remercier son aimable compagnon en le régalant d'un verre de vin. Dans l'auberge, l'inconnu dépose sur une chaise un petit paquet que le fermier, pour dégager le siège, n'arrive pas à soulever.
- Toute la population de votre commune réunie ne soulèverait pas ce paquet, dit l'étranger.
De fait, pas une des persnnes présentes ne put en venir à bout. Quant au voyageur, il le saisit du bout des doigts et, sans effort, le souleva et le déposa ailleurs, au grand ébahissement des spectateurs ; et, malgré la présence des gendarmes et bien que portes et fenêtres aient été soigneusement fermées, l'étranger disparut avec son paquet.
Il semble bien que le diable ne garde pas opour lui le bénéfice de ces manifestations. Il les partage parfois avec son représentant, le sorcier ; comme nous le prouve l'exemple suivant :
R... de La Coudre qui était sorcier (il avait le "barbot", le don), avait prévenu son domestique, le père Levraud : "Où y a t'ine bourrole dans l'plancher, faut pas y toucher." Le domestique, un jour, essaya de soulever la corbeille qu'il ne put déplacer malgré tous ses efforts, tandis que son patron la souleva aisément et d'une seule main. C'était le "barbot" du sorcier qui était dedans.
Le diable, et il n'en est pas moins à craindre pour cela, peut se tenir à vos côtés sans que rien ne révèle sa présence, perceptible à ses adeptes seulement, comme le montrent les deux aventures suivantes.
Vers 1904, Mme Bourdy fut appelée la nuit dans un village voisin. Chemin faisant, alors qu'elle se trouvait au fond du ravin de Gamaury, l'homme qui l'accompagnait manifestait une vive inquiétude, et regardait fréquemment derrière lui :
- Un monsieur nous suit, finit-il par dire.
Mme Bourdy se retourna et ne vit rien. Pourtant la frayeur de son compagnon croissait, tandis qu'elle continuait à ne rien distinguer d'anormal. La peur la gagna, elle aussi, et elle força le pas.
Arrivée à destination, le récit de son aventure ne causa aucune surprise. On lui apprit alors que son guide pratiquait lé surcilledjé (la sorcellerie), et qu'il était susceptible de faire apparaître le diable sous différentes formes, invisibles pour tout autre que lui-même.

Dans la même localité, après la guerre de 1914-1918, la veuve B., réputée, elle aussi, pour ses pratiques de sorcellerie,, revenait à la tombée de la nuit de la foire de Confolens en compagnie de plusieurs voisines dont l'attention fut attirée par le manège de la veuve B. qui, continuellement, faisait le geste traditionnel de nos campagnards pour éloigner une bête, murmurant ces paroles :
- Vaï tin sêlo bétio ! Va-t-en sale bête ! T'ôtérè tu de qui ! T'ôteras-tu de là !
Ne distinguant rien d'extraordinaire, ces femmes ne furent pas longues à comprendre que le diable les suivait. Et elles furent vraiment soulagées quand elles arrivèrent à leur village.La présence invisible du diable peut se manifester de façon plus tangible. C'est lui qui empêche la vache de marcher quand on la conduit à la foire : qui pousse les gémissements que l'on entend du trou de Champniers et qu'on attribue parfois à des âmes en peine ; qui contrefait les aboiements d'une meute ; qui fait entendre le battement du tambour, le sifflement du vent ; qui arrache des mains draps et traversins ; qui projette les sabots à la tête : qui remue ou déplace les meubles de tout un intérieur.
C'est lui aussi qui imite le caquetage de la poule qui couve ou le bruit de chaînes entrechoquées. Dans le vieux cimetière de Chambon, c'est encore lui qui s'amuse la nuit, à faire peté lou radjé deu morts (craquer les os des morts).
C'est lui encore qui, dans la région angoumoise, vous étouffe dans et atroce cauchemar que l'on appelle chaucho poulet.

Il n'est jamais à court d'apparences

A Saint-Maurice-des-Lions, le diable apparut plusieurs fois à la famille D. sous la forme d'un cheval blanc, qui s'introduisait dans l'écurie (avant 1914). Peut-être est-ce en raison de cette métamorphose que, dans la région d'Angoulême, on recommande de taper trois fois avec son talon en regardant un cheval blanc (mais sans voir sa queue) pour que le voeu fait au même moment soit exaucé.
Souvent aussi, le diable emprunte la forme du crapaud ou du chien. Il faut donc se méfier des chiens errants et de tous ceux qu'on ne connaît pas. Quant au crapaud, il est le compagnon habituel des sorcières. de là, la destruction systématique dont la pauvre bête est toujours victime.

En règle générale il faut se méfier de tout animal inconnu que l'on rencontre de façon insolite dans un coudert (lande communale) ou à un carrefourn désert. D'ailleurs notre méfiance doit rester toujours en éveil, car même nos animaux les plus familiers peuvent pr^ter leur forme au diable. Si la fugue d'une bête permet de constater que le Malin en a pris possession nous n'avons malheureusement pas toujours cet indice précieux pour éveiller notre méfiance.

Avoir la poule noire

Dans la région de Confolens, on dit communément de ceux qui s'enrichissent trop vite :
I an la poulo négro : Ils ont la poule noire.
Il fauit la soigner... seul le maître de la maison doit la nourrir, la soustraire à tous les regards et la loger dans la partie la plus haute et la moisn fréquentée de la maison. Si, le soir, il lui donne une somme à couver, le lendemain celle-ci sera doublée.
Quand son maître vient de mourir, la poule noire s'enfuit et rôde autour de la maison en disant : "Qui me prendra...", jusqu'à ce que quelqu'un la recueille.
Dans la région de Surgères, lorsqu'on étrenne une bergerie, il faut y égorger une poule noire en faisant rejaillir le sang sur les murs.
Si celui qui possède un tel volatile se rend au coup de minuit à la croisée de quatre chemins en serrant sa poule sous le bras gauche et crie : "Mon ami, poule noire à vendre !", le diable apparaît et lui demande :
- Que veux-tu ?

Comment obtenir le pouvoir de sorcier

Tout le monde n'est pas d'accord sur les modalités de ces arguments. Pour quelques-uns, il doit être signé avec le sang du nouveau partenaire. la cérémonie se déroule selon un processus précis et en des lieux bien déterminés : le plus souvent à la croisée de plusieurs chemins.

Dans la région confolentaise, on croit que la rencontre se fait plutôt derrière un cimetière ou dans le cimetière même. Le candidat arrive avec son pacte préparé, et il lui appartient alors de faire apparaître le diable. Ce n'est pas chose facile que proposer un pacte. Et si un vieil initié ne transmet pas ses secrets à l'apprenti, celui-ci aura fort à faire. Il lui faudra se mettre en quête de vieux grimoires et essayer de les interpréter ; il n'est point sûr qu'il y réussisse. D'ailleurs, ces veix ouvrages sont rares et ceux qui les possèdent, les cachent et ne veulent pas s'en dessaisir.
Quelques uns prétendent qu'il suffit de tracer un cercle magique en prononçant des paroles cabalistiques ; d'autres ajoutent qu'il faut ensuite, au moment où sonne minuit, écrateler une poule noire volée sans qu'elle pousse un cri.
Le sorcier peut transmettre son pouvoir à l'heure de sa mort par un simple serrement de main. C'est pourquoi ceux qui redoutent u rapport avec le diable évitent prudemment de toucher la main d'un moribond.
Une fois le pacte conclu, le sorcier aura la possibilité d'entrer en contact avec le diable, même en dehors du sabbat. Malheureusement, nous ne savons pas comment., Par contre, pour éloigner le diable, il suffira au sorcier de jeter une pincée de sel au milieu du feu et, avant le premier crépitement, de dire les paroles suivantes :

Dans le jardin de Josaphat,
Une dame se trouva,
saint Jean la rencontra.

mais, il paraît que, si le procédé est simple, la réalisation en est assez difficile.
Comme ceux qui ont conclu le pacte de s'en vantent pas, le paysan charentais, naturellement méfiant, guette le moindre indice qui lui permettra de se faire une opinion.

Ceux marqués du "B" et les autres


En Charente, comme partout, les boiteux, les bossus, les bègues, les bigles et les borgnes, tous ceux marqués du "B", sont réputés méchants et suspects de sorcellerie. En général ceux qui portent une tare physique sont redoutés, pârticulièrement ceux qui ont le nez crochu et le regard fuyant. Les plus suspects sont ceux qui ont les yeux rouges, brûlés par le feu du Malin.

Les prêtres défroqués, les séminaristes qui ont abandonné la soutane sont soupçonnés de sorcellerie car, dit-on, s'ils ont quitté le service de Dieu, c'est certainement pour se donner à celui du Diable.
On ajoutera qu'autrefois, dans la région d'Angoulême, on se défiat des cordiers, parce qu'ils tissaient la cravate du pendu ; presque partout, tailleurs et barbiers sont suspects. Mais les plus redoutés étaient les maréchaux. Cela tient sans doute à leur habitude de soigner les animaux et à l'image infernale de leur silhouette noire se découpant sur le fond rougeoyant de leur forge. Il faut avouer que les forgerons mettaient parfois une certaine fierté à accréditer cette croyance.

'Descends, j'ai besoin de toi"


Mousou était un sorcier guérisseur charentais qui n'hésitait pas à s'adresser directement au Diable et cela en public, sur un ton des plus autoritaires.
Chaque fois qu'il se trouvait devant un cas difficile à traiter, il tintounait (frappait) les planches avec sa canne, en criant : "Descin, descin, yé bésoin dé té" (Descends, descends, j'ai besoin de toi).

Un sabbat charentais


Ces réunions sont un hommage au diable qui y apparaît sous la forme d'un grand bouc avec des cornes énormes et deux visages humains, dont un à la place des fesses.
Il dirige la cérémonie d'une voix cassée, mais impérieuse dont les intonations effroyables ont été parfois perçues par des voyageurs passant près du lieu de sabbat, et qui sentent leurs cheveux se dresser sur la tête.Dans son double visage à barbe de satyre qui flamboie comme la forge du maréchal, ses yeux de loup lancent des lueurs hallucinantes. Son trône est, selon les uns, en or, selon les autres, en feu. Du reste, toute la personne de cet être maléfique rougeoie comme "cent forges" ; tantôt illuminant les assistants, tantôt les noyant d'ombres effrayantes qui s'animent au déploiement des flammes se dégageant de son corps tourbillonnant.

C'est au sabbat que tous les sorciers reçoivent leurs pouvoirs. Là, le diable détermine le circuit que les loups-garous auront à parcourir. Là, se baptisent "les crapauds" habillés de velours rouge et noir avec une sonnette au cou et aux pattes ; ils reçoivent pour parrain et marraine deux assistants qui viennent se donner au diable.
De grandes chaudières pleines de crapauds, de vipères, de chair de pendus, de noyés, de suicidés, mijotent pour le repas et pour la confection de toutes sortes de philtres.
Tous les convives prennent place à la table du diable et participent à la communion satanique, où le pain noir de millet est remplacé, à Brossac, par des crêpes. Les bancs où ils sont assis sont couverts de peaux de bêtes. Le repas se prolonge tard dans la nuit. Ensuite, Satan reçoit l'hommage de ses hôtes qui lui baisent la face de derrière en signe de soumission et d'offrandes d'âmes humaines après avoir esquissé le signe de croix à rebours et de la main gauche, en signe d'engagement envers lui. La réunion se poursuit par des danses qui se pratiquent dos à dos ou par des rondes tournées le dos vers le centre. Le diable est assis sur son trône ou perché sur un bouc ; les jeunes filles et les femmes tiennent chacune par la main un sorcier, un bouc, un loup-garou, un crapaud ou un démon. Les sorciers bossus ou estropiés jouent de la flûte ou du tambourin.
Enfin, la réunion se termine brusquement au chant du coq après le baiser de chacun sur le derrière du diable ou par une évaporation générale et totale ne laissant pas la moindre trace qui permettrait de reconnaître avec certitude le lieu du sabbat.
Pour s'enfuir plus vite ou pour se dérober à la vue des indiscrets, les assistants ont le pouvoir de prendre la forme d'animaux noirs, et tout particulièrement de chats ou de poules.
Cependant, une nuit, la troupe, surprise par un voyageur attardé, se dispersa si brusquement que le lendemain matin on trouva sur les lieux une poêle oubliée. Quelqu'un la reconnut et s'écria :
- Elle appartient au Grand Lérideau de Beaunac.

De divers usages de la figurine


Dans le canton de La Rochefoucauld, en 1943, voici ce que M. Bertrand à pu recueillir à ce sujet :
Le devin commence à questionner son client et cherche dans la conversation à connaître ses affaires personnelles, s'il a de l'argent de caché et combien, quels sont ses voisins avec lesquels il est en mauvais termes et parfois, il obtient ainsi le nom de celui qui a jeté le sort ; c'est sur ce nom que le devin opère :
"Voulez-vous, demande-t-il, qu'il meure desséché par une maladie ou qu'il lui arrive les malheurs qu'il vous a jetés ?"

suite au prochain message...


Dernière édition par le Ven 25 Jan - 13:10, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://site.voila.fr/chezjoa
Joa
Admin
Admin
Joa


Nombre de messages : 13100
Age : 76
Localisation : Martigues
Réputation : 0
Date d'inscription : 19/02/2006

Le diable et ses suppôts en Charentes Empty
MessageSujet: suite...   Le diable et ses suppôts en Charentes EmptyMer 23 Jan - 12:09

.../...

Selon la réponse, le devin façonne grossièrement la silhouette de l’homme désigné et après avoir prononcé les mots : Satan venge-toi, il enfonce une épingle à l’emplacement du cœur dans la terre glaise encore molle. C’est là le talisman que le client emportera chez lui et, sur cette silhouette, il devra pendant trente jours enfoncer des épingles sur toutes les parties du corps. Au bout de ce temps le sort sera conjuré.
Selon le cas, on enfonce les épingles tous les trois jours ou tous les neuf jours. Ce procédé aurait été utilisé à Saint-Maurice-des-Lions, mais nous n’avons pu le contrôler. L’envoûtement serait absolument certain si le sorcier pouvait incorporer à la figurine « quelque chose » de la victime (rognures d’ongles, cheveux, etc .).Cette pratique fut sans doute celle des sorciers qui ont trafiqué dans l’affaire de la Jaurie, le maléficié D. s’étant astreint à porter barbe et cheveux dans toute leur longueur.
Déjà, « au Moyen Âge, l’envoûtement par la figurine semble insuffisant, ou plutôt trop délicat à réaliser à cause de l’habileté indispensable pour obtenir la ressemblance avec la personne visée ». C’est sans doute cette difficulté qui a conduit nos sorciers modernes à opérer sur des photos, ce qui explique la répugnance de nos paysans à donner ou à confier leur portrait.
L’emplacement de choix pour enfoncer les épingles étant la région cardiaque, le sorcier simplifie sa tâche en remplaçant la figurine par un cœur d’animal : dans la région confolentaise, c’est un cœur de bœuf, de veau, de mouton ou de poulet qui, arraché palpitant de la bête, est lardé d’épingles en même temps que l’opérateur prononce des paroles imprécatoires qui nous sont inconnues. Il est ensuite enfermé dans un pot neuf et mis à sécher dans la cheminée ou, ce qui est plus efficace, sous le seuil de la victime. Dans le canton de Chabanais, Rougier a noté un cas où le cœur avait été enterré dans la propriété du maléficié avant le lever du soleil. Après avoir prononcé des paroles que l’informateur n’a pu, lui non plus, recueillir, l’envoûteur s’est éloigné à reculons pour ses trois premiers pas. Dans la région saintongeaise, les épingles étaient souvent replacées par des piquants d’aubépine.

Le coeur peut servir aussi à rompre le charme :
On utilise dans ce cas le coeur de veau ou de mouton ; il est ptréparé par le sorcier qui le perce de clous suivant ses pratiques rituelles. Quelquefois, le client opère lui-même en se conformant aux indications du sorcier, sur les lieux du maléfice. Quoi qu'il en soit, dans tous les cas, pour lever le sortilège le coeur doit être enterré sur les lieux mêmes où se fait la conjuration.
Souvent, on emploie l'organe analoque à celui qu'on désire atteindre chez la victime : foie, poumon (mou), "tripes" de poules noires coupées en morceaux.
Foie et mouton sont aussi bien aptes à combattre un maléfice et on peut voir encore un mou (poumon) de veau ou d'agneau percé d'une longue aiguille pendre dans la cheminée. Au fur et à mesure qu'il se dessèche, le maléfice disparaît. Pour que le contre-envoûtement réussisse, assurent certains, l'animal doit avoir moins d'un an.
Y a-t-il d'autres moyens de se préserver de l'envoûtement ?
Il faut en toute occasion se méfier du sorcier, c'est-à-dire de tous puisque n'importe qui peut être sorcier.
Dans la région confolentaise, on recommande toujours aux voyageurs de ne point faire confiance à celui qui s'enquiert de votre route. Il ne faut aps répondre, et le mieux est de revenir sur ses pas et de prendre un autre chemin ; on détournera ainsi l'influence maléficiante.

L'enclouage


En Charente, le sorcier allait au cimetière non pour rechercher un os, mais pour recueillir les clous d'une vieille bière ; il fallait les ramasser un par u en disant :
"Clou, je te prends pour que tu me serves à faire tout le plus de mal possible à ceux qu'il me plaira, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen !"
L'envoûteur observait ensuite un endroit où sa victime avait l'habitude de passer ; sans être vu, il traçait autour de l'empreinte d'un de ses pas des figures magiques. Tout en récitant un Pater Noster, in enfonçait en son milieu des clous en le frappant avec une grosse pierre et il terminait par la formule : "De par le Diable à qui Dieu commande, fais-lui tout le mal possible jusqu'à ce que je t'ôte de là."
Il dissimulait ensuite le clou sous un peu de poussière et si la personne visée passait sur le clou elle était enclouée, c'est-à-dire ensorcelée tant que le clou restait en place et il ne pouvait être retiré que de la main qui l'avait enfoncé.

On pouvait de la même manière enclouer les animaux, les chevaux surtout. Pour délivrer les chevaux ainsi encloués, il suffisait de poser trois fois les pouces en croix sur le pied de l’animal en prononçant le nom du dernier assassin exécuté et en récitant une prière spéciale.

Le piège du diable


Dans la région de Confolens, le cercle de barriques en fer appelé piégé den diablé est souvent utilisé en protection, suspendu au plafond des maisons et des étables. Très souvent aussi on le trouve replié en forme de croissant encastré dans la maçonnerie au-dessus du linteau de la porte.
C’est toujours l’idée de cercle magique qui détermine le geste de la personne qui, en guise de collier, s’enroule le cou d’une ficelle, ou, dans la région angoumoise, quand on conduit une bête ou un enfant ensorcelé à la croisée de quatre chemins pour le faire passer neuf fois de suite à travers un cercle de quatre rangs de vîme (osier franc).

Les bijoux qui protègent de l’envoûtement


Dans la région d’Angoulême, deux bijoux historiques de la famille de La Rochefoucauld sont passés aux mains d’habitants de la région. Ces deux objets peuvent remonter au XIVe ou XVe siècle et rappellent assez ceux qui étaient utilisés au Moyen Âge pour révéler les poisons. S’ils ont été employés à cette destination, c’est chose bien oubliée aujourd’hui. Ils ont maintenant la réputation de protéger contre les envoûtements.
Le premier de ces objets est une dent de squale fossile ; elle est enchâssée dans une armature d’argent où sont gravés les armes des La Rochefoucauld et les mots suivants : M. de la Rochefoucauld. Un cordonnet qui joue le rôle de cercle magique permet de suspendre ce talisman comme une pendeloque. Cet objet est connu dans la région sous le nom de « langue de serpent » et selon la tradition locale, il était d’un grand secours pour favoriser les accouchements.
L’autre objet est une bague à monture d’argent dont la pierre est une makite. Le chaton est appelé vulgairement « crapaudine » et même « œil de crapaud » parce que la croyance populaire veut que les pierres de cette nature soient rejetées par les crapauds. On lui attribue la propriété de calmer la douleur des reins et de faire expulser les pierres de la vessie.

Marc Leproux, Contes, récits et légendes des pays de France
Revenir en haut Aller en bas
http://site.voila.fr/chezjoa
 
Le diable et ses suppôts en Charentes
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Chez Nous :: Les pipelettes :: Histoires insolites :: Contes et légendes-
Sauter vers: