En poste à Londres depuis trois ans, Marcos Losekann, distingué correspondant d'une chaîne de télévision brésilienne, n'est pas homme à transgresser les lois de son pays d'accueil. Quand une contravention de cent soixante livres tombe dans son courrier, il s'en acquitte rubis sur l'ongle. Mais, une semaine plus tard, une nouvelle amende d'un montant équivalent lui parvient. Cette fois, Marcos s'inquiète. Quelle infraction à répétition a-t-il commise à son insu ? Il règle la facture et, par prudence, il abandonne son automobile dans un garage et ne se déplace plus qu'en taxi.
Malgré ses précautions, une pluie de pénalités engorge bientôt sa boîte aux lettres. Furieux, Losekann se rend au poste de police et exige des explications.
"Vous n'avez pas payé la taxe anti-encombrement", rétorque le fonctionnaire, en exhibant des photographies de Piccadilly Circus où roule sa voiture. (Cette taxe s'applique depuis 2003 aux propriétaires de tous les véhicules qui circulent dans le centre de Londres aux heures d'affluence).
Losekann constate avec effarement qu'en effet son véhicule figure bel et bien sur les photographies. Même modèle, même couleur, même plaque d'immatriculation.
"C'est une machination ! Ma voiture dort dans le garage depuis un mois." se défend le Brésilien.
Il s'empare d'une loupe et scrute les photos qui l'incriminent.
"Cette voiture n'est pas la mienne ! Regardez, celle-ci ne possède pas d'antenne radio et la vignette est collée ailleurs sur le pare-brise."
Mais le fonctionnaire l'éconduit. Losekann mène alors sa propre enquête et parvient à localiser la voiture suspecte. Il alerte alors ses confrères de la presse britannique et le scandale éclate : depuis l'entrée en vigueur de la taxe anti-encombrement, trois mille plaintes pour "clonage" de voiture sont enregistrées chaque jour dans les commissariats. Pour éviter l'effet de contagion, la police londonienne a fait le choix de rejeter en bloc toutes les réclamations. Jusqu'à ce qu'un reporter brésilien en décide autrement !