Quand la chance nous sourit, sachons l'accueillir avec modestie et reconnaissance ! Cadenassé dans une cellule de quatre mètres carrés où il purge une peine de huit ans de réclusion, José Luis Betancourt, un Texan de quarante-quatre ans, a tout loisir de méditer cet adage, philosophique et agaçant.
Betancourt est un joueur têtu et méthodique. En dépit des statistiques, qui affirment qu'un joueur de Loto a une chance sur un million d'empocher le gros lot, il parie chaque semaine sur les six chiffres de sa date de naissance. Convaincu de l'infaillibilité de sa méthode, il ne s'émeut pas outre mesure lorsqu'il rafle la super-cagnotte de 5.5 millions de dollars.
Le sens commun voudrait que, aussi généreusement et brusquement pourvu, José Luis aille couler des jours heureux sous les tropiques, entre piscine et cocotiers. Mais il ne change rien à ses habitudes. Il place son magot en bons du Trésor, renouvelle ses paris et poursuit ses activités. Activités fort lucratives, puisqu'elles consistent à vendre de la drogue dans les bars de la ville !
Deux semaines plus tard, l'insatiable parieur est rattrapé par son destin. Un policier en civil l'arrête et l'expédie devant un juge. Au lieu de s'offrir discrètement les services d'une brigade d'avocats pour le sortir de ce mauvais pas, le dealer se vante de la rondeur de son compte en banque. Sa liberté vaut-elle un million de dollars ? Ses économies y pourvoiront ! Alerté, le procureur enquête. Il ne tarde pas à découvrir l'origine du pactole et à établir qu'au moment où il a acheté son billet, Betancourt se livrait déjà au trafic de stupéfiants. En conséquence, acquis avec de l'argent illégal, les 5.5 millions de dollars lui seront confisqués et rendus au gouvernement fédéral. José Luis a beau jurer ses grands dieux que l'argent du billet provient de la vente de vieux vêtements, le jury le condamne lourdement et vide son compte en banque.
Du fond de sa cellule, José Luis Betancourt joue-t-il encore au Loto ? Ou estime-t-il, qu'avec la chance, il a définitivement épuisé tout le capital qu'elle pouvait lui offrir ?
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