Lorsqu'ils apprennent qu'en l'espace de quelques semaines une douzaine de cadavres, entreposés à la morgue municipale, ont été atrocement mutilés, les habitants de la petite ville de Rousaevka, en Russie, sont en état de choc. Les paupières des trépassés ont été lacérées, laissant leurs yeux à vif. Les hypothèses les plus folles vont bon train. Une rumeur laisse entendre qu'un dangereux maniaque se laisserait enfermer la nuit dans la chambre froide pour s'adonner à ces profanations sadiques. Un journaliste soutient quant à lui qu'on aurait affaire à un réseau mafieux, qui prélèverait les iris pour les vendre à une banque des yeux afin d'être transplantés. Experts en criminalité et médecins légistes accourent de Moscou pour examiner les mutilations. Ils concluent que l'auteur de ces actes barbares porte des coups légers mais précis sur les paupières avec un objet dur et mal aiguisé. Pour surprendre l'intrus, des policiers dissimulent des caméras de surveillance face aux portes des réfrigérateurs. Sans résultat. Alors un inspecteur courageux se couche à côté d'un cadavre et, le 20 janvier 2002, la vérité éclate sur la première page de la Konsomols Kara Pravda.
"Vers minuit, le silence de la morgue a été troublé par un étrange couinement. Le maniaque trottinait avec insolence sur le sol puis il sauta sur un cadavre et s'accrocha à sa paupière. La souris, puisque c'était bien une souris, est parvenue à s'échapper !" Pressé de questions, le procureur chargé de l'affaire a avancé une explication : "Il ne s'agit pas d'un rongeur ordinaire, a-t-il déclaré. C'est un mutant, une mangeuse d'hommes. Elle ne touche pas à la nourriture dont se régalent habituellement ses congénères. Autrefois, non loin de la morgue, se trouvait un container, dans lequel l'hôpital jetait les reliquats gynécologiques des avortements. La souris mutante a dû prendre goût à se nourrir de chair humaine. Après la fermeture de l'hôpital, elel aura reporté son appétit sur les yeux des cadavres !"
La souris n'a jamais été attrapée.