L'extravagance sordide de certains faits divers nous laisse désemparés et repose une lancinante question : "Mais dans quelle étoffe est donc taillée l'âme humaine ?"
L'histoire qui suit, et qui se déroule aux Etats-Unis, en est une parfaite illustration. Frère et soeur, John et Julia Gavis, vingt-huit ans et vingt-quatre ans, tous deux sans emploi, vivotent de petits travaux sur la propriété familiale de Spotsylvania. Leur père, John, a été sauvagement assassiné cinq ans plus tôt par un frère aîné et enterré dans le jardin. Une nuit, le sympathique duo décide de profaner la tombe paternelle. Il s'agit de vérifier une rumeur qui a bercé leur enfance : leur père, un ancien capitaine des Marines, se serait fait graver sur une dent le numéro d'un compte bancaire en Suisse. John et Julia creusent un trou de deux mètres pour atteindre le cercueil. A l'aide d'une pince-monseigneur, ils soulèvent le couvercle et forcent, à l'aide d'une lime, la bouche du défunt, qui a été cousue et parafinée par un embaumeur. Ils brisent les mâchoires de leur géniteur à grands coups de marteau, extraient ses dents en or, comblent la tombe grossièrement et retournent à la maison se coucher, l'âme et l'esprit en paix.
Dès potron-minet, le couple, muni de son butin, se rend chez un bijoutier. Ils lui demandent de dénicher sur les dents aurifères le numéro du compte bancaire. Armé d'une loupe puissante, le bijoutier s'exécute mais ne trouve rien. Déçus mais pas résignés, John et Julia lui demandent alors d'aplatir les dents paternelles et de les garnir d'anneaux pour pouvoir les porter en sautoir. Ainsi parés, les jeunes gens quitetnt fièrement le magasin. Tandis que le bijoutier appelle aussitôt la police pour les faire arrêter.