Les splendeurs innombrables, les trésors archéologiques et artistiques qui embellissent la ville de Naples ne peuvent pas faire oublier la misère des quartiers populaires. Sachant cela, on comprend mieux l'étonnement des policiers de la brigade anti-fraudes lorsque, en menant une vaste opération de contrôle des bateaux naviguant sur la célèbre baie, ils découvrent que la plupart des yatchs les plus luxueux appartiennent à des ménagères sans ressources ou à des marchands ambulants des faubourgs.
Fort de cette ahurissante constatation, le ministre de l'Economie dépêche 170 hommes de la garde des dinances, 18 unités garde-côtes et 2 hélicoptères pour systématiser ses investigations : 212 embarcations de plus de douze mètres et d'une valeur supérieure à 350 000 euros sont contrôlées. Allant de surprise en surprise, les enquêteurs établissent qu'un voilier d'une valeur de 420 000 euros appartient en toute propriété à un vendeur de fleurs, qui possède par ailleurs une minuscule échppe dans une ruelle du vieux port et qu'une dizaine d'autres navires tout aussi coûteux enrichissent le patrimoine de ménagères vivant d'aides sociales. Moins surprenant : l'enquête révèle d'autre part que bon nombre de yatchs ont été enregistrés au nom de sociétés fictives.
"Napes est l'une des villes les plus pauvres d'Italie en terme de revenu - elle se situe au 86e rang - mais elle occupe aussi l'une des premières places pour la consommation, a expliqué Vittorio Sbordone, le juge en charge de la coordination de l'opération. La Camorra, la mafia napolitaine, contrôle toute une économie parallèle. Elel recrute des gens parmi les plus pauvres pour servir de prête-nom pour blanchir l'argent de la drogue. S'en prendre à eux ne résoudrait rien, a ajouté le juge. Nous devons frapper à la tête de l'organisation. En attendant, les bateaux sont confisqués et je ne suis pas sûr que le ministère ait les moyens de les entretenir convenablement..."
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