Tanaka Misaki, une ethnologue japonaise, étudie la tribu des Manobo, dans l'île de Mindanao, aux Philippines. Alors qu'elle s'est aventurée dans une forêt reculée, à une cinquantaine de kilomètres du dernier bourg habité, elle tombe par hasard sur deux vieillards hirsutes, dépenaillés et apeurés. Persuadée d'être en présence de natifs de l'île, elle les salue avec respect dans leur langue vernaculaire. Quelle n'est pas sa stupeur d'entendre les compères s'entretenir en japonais !
Renseignements pris, les deux hommes, presque centenaires, sont des soldats de la 30e division de l'armée impériale japonaise, cachés dans la montagne depuis 1941. Ils ignorent que la Seconde Guerre mondiale est terminée et ont peur d'être dénoncés comme déserteurs et passés par ls armes. Tanaka les rassure et leur résume brièvement les évènements qui ont marqué la planète au cours des... soixante-cinq dernières années. Pour ne pas ébranler le coeur peut-être fragile des vieillards, l'ethnologue omet de mentionner l'invasion planétaire des fast-foods, de la peste aviaire, et des téléphones portables, se contentant de faire référence aux bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki, qui les a délivrés de leur serment s'allégeance à l'empereur.
Puis Tanaka convainc ses compatriotes de regagner le Japon pour y terminer paisiblement leur existence. Un proverbe japonais n'affirme-t-il pas qu'"on bâtit le futur en tirant enseignement du passé" ?