Mythe européen par excellence, le loup-garou évoque la fascination de l’homme pour sa face sombre, pour la cruauté qu’il peut manifester lorsqu’il se libère des contraintes que la civilisation lui impose.
En France, durant les XVIe et XVIIe siècles, on voit partout la marque du Malin, et une véritable psychose s’empare du pays. Trente mille individus accusés de lycanthropie sont traduits en justice. Parmi eux, Jean Grenier, un adolescent faible d’esprit. Accusé d’avoir pactisé avec le diable, de s’être transformé la nuit en loup-garou, et d’avoir dévoré des enfants, il comparaît en 1603 devant la cour de Bordeaux. Incapable de prouver son innocence, il est brûlé vif en place publique. Trois ans plus tard Henri IV n’en demande pas moins à Pierre de Lancre, conseiller au Parlement de Bordeaux, de « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l’emprise des démons ». L’exécuteur s’acquitte de sa tâche avec zèle. Les bûchers se comptent bientôt par centaines, et Lancre parvient même à mettre au feu quatre cents personnes à la fois ! Mais n’est-ce pas lui qui, jugeant les bains de mer de Biarritz contraires à la morale, déclarait répugnant « ce mélange de grandes filles et de jeunes pêcheurs qu’on voit à la côte en mandille, et tous nus en-dessous, se pêle-mêlant dans les ondes » ?