En Inde, les vieux sages plus ou moins illuminés font partie du paysage. C’est le cas de Kunjilal Malviya, un ascète tout maigre, à l’interminable barbe blanche, dont personne, peut-être même pas lui, ne pourrait dire l’âge Depuis des années et des années, il vit sur la branche d’un chêne centenaire, dans une forêt près de Bhopal Il jouit de la vénération générale et on vient parfois de fort loin pour lui demander un conseil ou simplement se recueillir en sa compagnie
Or, fin octobre 2005, il annonce à ses fidèles que les dieux viennent de le prévenir de sa mort : elle aura lieu le 5 novembre à 5 heures de l’après-midi
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et, en raison de sa grande réputation de sainteté, ils sont plusieurs milliers à se presser devant le chêne au moment annoncé. La foule recueillie admire le calme dont fait preuve le vieil ascète, assis sur sa branche dans la position du lotus. L’heure fatidique arrive enfin et… il ne se passe rien. Il y a un moment de flottement, mais Kunjilal Malviya prend la parole de sa voix bien timbrée :
« Je vous remercie tous. Vous êtes si nombreux à avoir prié pour ma survie que ma prédiction a été démentie par les dieux. » Cette déclaration est saluée par des cris de joie, et c’est une foule plus fervente que jamais qui rentre chez elle… En inventant cette explication, Kunjilal Malviya a fait preuve d’une présence d’esprit remarquable, qui lui a sans doute sauvé la vie. Car, peu auparavant, deux de ses semblables, auteurs de la même prédiction erronée, avaient été mis à mort par la foule mécontente
Accueil 
