L'orme champêtre indigène d'Europe peuplait les campagnes et les places de villages.
Présence familière de tant de lieux auxquels il a donné son nom, il a presque disparu de nos paysages, victime de deux épidémies de graphiose en 1919 et en 1970.
Cette maladie d'origine asiatique est due à un champignon mortel transmis par un insecte, le scolyte, qui s'infiltre sous l'écorce, bloquant la circulation de la sève.
Il faut abattre l'arbre, arracher tronc et racines, brûler le tout.
La mort d'un arbre est toujours une tragédie, comme, en 1882, celle de l'ormeau de la place Caramy à Brignoles.
Il avait abrité depuis des siècles l'histoire de tous les jours et les grands évènements, comme les danses provençales exécutées en l'honneur de Charles IX en 1564 lors de sa visite en Provence.
Au XIXe siècle son tronc énorme et tourmenté hébergeait l'échoppe d'un savetier, qu'il fallut murer à sa mort.
L'ormeau était tellement tordu qu'une partie s'avançait de plus de 2 mètres sur le côté et se creusait en dessous, ce qui lui donnait la forme étrange d'une tête de cochon !
On dut l'étayer par une colonne après la chute d'une branche qui tua deux soldats autrichiens en 1815, lors d'un coup de mistral.
Plus d'un poète a pleuré sa fin tragique : "Toi qui te crus solide, au sol enraciné, de proche en proche écoute la scie et la hache..."