Purna Charya, un Népalais de 47 ans, vivote de petits boulots à New York. En cinq ans, il s'est néanmoins constitué un capital, qu'il compte bientôt investir dans l'achat d'un magasin à Katmandou, où l'attend sa famille. Avant de partir définitivement. Charya décide de filmer les rues de son quartier. Mais à peine a-t-il braqué sa caméra sur la façade d'un immeuble de verre, que deux hommes en civil l'interpellent sans ménagement, lui confisquent son appareil, le jettent à l'arrière d'une voiture banalisée, et l'emmènent sirène hurlante à l'autre bout de la ville pour l'enfermer dans une pièce sans fenêtre. Purna essaie de se rassurer : "Les policiers m'ont confondu avec un autre. Ils vont s'apercevoir de leur erreur et me libérer." Il se trompe : six hommes se relayent bientôt pour l'interroger.
"Pourquoi filmiez-vous ce bâtiment ?
- Quel bâtiment ? demande Charya, ahuri.
- Celui du FBI. Préparez-vous un attentat ?".
Le Népalais comprend enfin qu'à filmer innocemment un immeuble de son quartier, il a été pris pour un dangereux terroristre. Il a beau clamer son innocence, sa descente aux enfers ne fait que commencer. Dans une cellule de haute sécurité de deux mètres sur trois, sa détention s'éternise pendant trois mois, avant que l'avocate d'une organisation des droits de l'homme parvienne enfin à la faire libérer. Vêtu de son uniforme orange de captif, muni d'un billet qu'il a dû payer lui-même, Charya est immédiatement placé dans un avion à destination du Népal. Remis de ses émotions, le faux terroriste a décidé d'intenter un procès au gouvernement des Etats-Unis pour "détention abusive et mauvais traitements". Afin de revenir à New York pour pouvoir plaider son affaire, il a fait une demande de visa auprès de l'ambassade américaine de Katmandou. Le visa lui a été refusé ...