Beaufou, un village vendéen d'un millier d'habitants, accueille chaque année le festival des "communes de France aux noms burlesques et chantants". On peut déplorer que la plupart des représentants des soixante-dix bourgs conviés à la fête aient décliné l'invitation. Ainsi, au rayon des communes absentes, on regrettera celles de Cucuron, Deux-Verges, Montfroc, Bombon, Mariol, Corps-Nuds ou Saligos. Le maire de Montcuq, par exemple, a catégoriquement refusé de se montrer à découvert. Moins frileux, celui de Trécon a répondu présent. "Avant l'apparition des codes postaux, mon village s'appelait Trécon-par-Vertus, a-t-il précisé, et nos enfants souffraient de railleries permanentes. Aujourd'hui, ils s'assument beaucoup mieux."
Quand au maire d'Arnac-la-Poste, s'il regrette que le panneau qui signale l'entrée de sa bourgade soit constamment surchargé de l'inscription "et tire-toi !", il se réjouit que le nom de sa commune ait contribué au maintien du bureau de poste, pourtant menacé de disparition par mesure d'économie.
Toponymie et étymologie ne parvenant pas toujours à percer le mystère des appellations loufoques, certains cherchent une explication dans la littérature. Ainsi les habitants de Bouzillé, dans la Mayenne, attribuent-ils à Rabelais l'énigme du nom de leur village. Dans une oeuvre du maître paillard, ne lit-on pas en effet que, pour départager deux villes qui se disputaient "l'immense privilège" d'être à égale distance de Nantes et d'Angers, Gargantua posa un pied sur la cathédrale de chacune des deux villes, baissa son pantalon et déclara : "Bouse y est."