Des milliers et des milliers de concurrents se pressent sur la ligne de départ du marathon de New York. Au signal du starter, ils s'élancent à grandes enjambées au milieu des vivats. Mais voici qu'un autre coureur se présente au départ, et les spectateurs se demandent s'ils ne sont pas en train de rêver ... Il est vêtu, en effet, d'un archaïque costume de scaphandrier des années 1940 et, loin de filer comme une gazelle, il met pesamment un pied devant l'autre à la manière d'un pachyderme.
Cet homme se somme Lloyd Scott, et ce n'est pas un original qui voudrait se faire remarquer. C'est un ancien pompier britannique qui collecte depuis plusieurs années des fonds pour lutter contre le cancer chez les enfants, en courant les marathons de Londres et de New York. Il a déjà expliqué aux journalistes pourquoi il avait choisi cette manière si particulière de mener son action. "Courir le marathon ainsi, a-t-il dit, cela ressemble à ce qu'endurent les jeunes malades, parce que c'est lent et douloureux et que, comme moi, ils triomphent à la fin." "Lent et douloureux", c'est effectivement le cas. L'habit de scaphandrier pèse 58 kilogrammes, dont 11 kilogrammes pour chacune des semelles de plomb. Le casque de cuivre grillagé permet à peine d'y voir et il faut guider Lloyd Scott pour qu'il puisse se déplacer. Dans ces conditions, il parcourt au mieux sept kilomètres par jour. En 2004, il a terminé le marathon de New York en cinq jours et huit heures, battant de près d'un jour son record précédent, mais il a battu aussui son records de dons, en pièces et billets, que lui ont donné les passants, et c'est un exploit plus grand encore.