Quand Franck Malebranche monte à bord du voilier de six mètres qu'il a loué pour la journée, il n'imagine pas que sa balade en mer va rapidement tourner au cauchemar. Certes cet homme de 36 ans est un marin peu aguerri, mais, au large des calanques marseillaises, la mer est d'huile et le temps magnifique. Mais à peine s'est-il éloigné d'un mile, Malebranche découvre avec surprise que la Méditerranée est une mer capricieuse. Un coup de vent brutal déchire la grand-voile et pousse l'embarcation sur la crête des vagues. Puis, c'est au tour de l'étai du foc de se briser. Peu après, le moteur hoquette et tombe en panne. Le moral du skipper faiblit encore, lorsque, une heure plus tard, à 500 mètres de la côte, il constate que la coque de son voilier prend l'eau et que son téléphone portable flotte dans la cale. Il a beau agiter les bras en tous sens comme un sémaphore détraqué, le naufragé ne s'attire que l'indifférence des terriens et le mépris des mouettes.
Bientôt la nuit tombe. Malebranche, les pieds dans l'eau, ouvre son unique boîte de lentilles, qu'il mange froides à la cuiller. Vers minuit, pour alerter les rares bateaux qui croisent au large, il tente par deux fois d'envoyer un feu de détresse. Il ne parvient qu'à se brûler la main sans être vu.
Quatre jours plus tard, les sauveteurs découvrent un homme sédhydraté et comateux gisant sur le pont de son voilier. Admis dans un hôpital de Marseille, Franck Malebranche a commenté son aventure avec philosophie.
"Après tout, je suis Auvergnat. Cette balade en mer m'a confirmé que je n'avais pas le pied marin !"