Certaines révélations tardives sur la santé des hommes qui nous gouvernent glacent le sang rétrospectivement. Ainsi, en écoutant certains enregistrements téléphoniques de la Maison-Blanche, récemment déclassifiés par les Archives nationales américaines, apprend-on que, dans la nuit du 11 octobre 1973. le président Richard Nixon n'était pas dans un état lui permettant de remplir ses fonctions avec sérénité. Cette nuit-là, alors que la guerre du Kippour oppose Israël à ses voisins arabes, Henry Kissinger, le ministre des Affaires étrangères, reçoit un appel téléphonique en provenance de Londres.
"Ici le chef de cabinet de Ted Heath, dit la voix au bout du fil. Le Premier ministre souhaite s'entretenir de toute urgence avec votre président.
- Je suis désolé, réopond Kissinger, je ne peux pas transmettre votre appel dans le bureau ovale."
L'autre insiste :
"Cette affaire concerne le maintien de la paix dans le monde. Le Premier ministre propose un cessez-le-feu entre les belligérants.
- Ecoutez, je viens de parler à Nixon, s'excuse Kissinger. Il est recroquevillé sur la moquette, complètement bourré, et il pleure, la tête entre les mains. Rappelez demain matin."
Kissinger écrira plus tard dans ses mémoires que "l'équilibre des puissances, et non la paix, est l'objectif de tout homme d'Etat". No comment !