C'est une élection bien particulière qui a lieu au mois d'octobre 1955, non sous la coupole le l'Académie française, mais devant celle-ci, sur le trottoir du quai Conti. Mécontents de l'élection à l'Académie d'Albert Buisson, président de la société Rhône-Poulenc, dont l'oeuvre "littéraire" se résume à un Traité sur les chèques bancaires, un groupe de contestataires a décidé d'organiser une contre-cérémonie. L'humoriste Henry Monnier et le sculpteur César remettent solennellement l'épée d'académicien à un autre sculpteur, Rapha Diligent, noble vieillard à l'interminable barbe blanche. L'épée, oeuvre de César, qui n'a malheureusement pas été conservée, est fabriquée à l'aide de tubes d'aspirine, allusion à la spécialité qui a fait la fortune des usines du Rhône. Lers trois protagonistes sont rapidement arrêtés et se retrouvent au commissariat. Un instant soupçonnés d'avoir été payés pour nuire au groupe industriel dont Albert Buisson est le président, ils sont mis hors de cause. Mais avant de les relâcher, le commissaire admoneste Rapha Diligent : "Comment, lui demande-t-il sévèrement, pouvez-vous faire de telles bêtises à votre âge ?"
Ce à quoi l'éphémère immortel répond :
"Si je ne les fais pas à mon âge, quand est-ce que je les ferai ?"