En 2001, Fabrice D. décide de cesser de fumer. Pour compenser le manque de nicotine et se procurer un innocent dérivatif, il croque et suce de petites douceurs suisses, dont la publicité vante "les vertus curatives". Certes, le fabricant a pris soin d'indiquer sur l'emballage que, consommés à haute dose, ces friandises peuvent avoir un effet laxatif mais, comme chaque paquet garantit "le respect de vos dents", Fabrice s'en délecte sans modération. Ainsi, de juin 2001 à mars 2002, il en ingurgite plus d'une vingtaine de kilos, soit 8 000 pastilles environ en neuf mois. Ses dents ne le supportent pas. Ses molaires s'aiguisent dansgereusement et, devenues tranchantes, lui coupent les lèvres et l'intérieur des joues. Evitant de parler pour ne pas se blesser, contraint de devoir s'alimenter à l'aide d'une paille, Fabrice, qui perd du poids, consulte un dentiste pour mettre un terme à son calvaire. Le coût des travaux s'élevant à 15 000 euros, il renonce à se faire soigner et attaque en justice la société qui distribue les friandises "parce qu'elles n'offrent pas la sécurité à laquelle on peut légitimement s'attendre".
Affecté par ailleurs d'un diabète et d'un ulcère à l'estomac, Fabrice décède en juillet 2003 et la procédure est poursuivie par sa veuve et son fils qui demandent au confiseur le versement de 92 000 euros de dommages et intérêts. Mais les avocats de la défense prouvent sans grande difficulté que les bonbons incriminés sont "d'une totale innocuité à l'exception de l'acide citrique dont l'effet déminéralisant des structures dentaires est bien connue et réclament à leur tour un million d'euros à titre de dédommagement pour la mauvaise publicité faite autour des célèbres pastilles. Estimant que le défunt a plutôt fait une overdose de bonbons, le tribunal de Clermont-Ferrand a condamné la veuve et le fils de Fabrice à verser à la société importatrice 3 000 euros au titre des dépens.