Le 31 juillet 1909, le président Fallières vient accueillir, à Cherbourg, l'escadre amenant en visite officielle le tsar de Russie Nicolas II et sa famille.
Le soir, une fête vénitienne est organisée dans la rade où défilent des bateaux de fantaisie. L'un est un dragon jaune, l'autre un cygne blanc. Un autre encore un serpent de mer traînant un kiosque flottant garni d'un orchestre. Une libellule bleue à ailes vertes, survolée par un ballon dirigeable, clôture cette parade d'un faste jamais vu. Ensuite, pour sceller définitivement l'amitié franco-russe, on présente au tsar trois survivants de la guerre de Crimée : le peintre Poilpot, le trompette qui a sonné la charge à Malakoff, et une ancienne cantinière de Sébastopol, alors âgée de 73 ans, que l'empereur de toutes les Russies embrasse sur les deux joues.
Les historiens n'ont pas consigné le coût exorbitant de cette opulente cérémonie : cette visite n'était-elle pas, comme l'assura le tsar, "une précieuse garantuie pour la paix générale et un présage de bienfaisants effetsé ?
Cinq ans plus tard, commençait l'hécatombe de la Première Guerre mondiale !