En 1907, Michaël Winburn, homme d'affaire et publicitaire américain, qui souffre d'eczéma chronique, est miraculeusement guéri à Paris grâce à un baume à l'huile de cade inventé par Louis Nathan. Il décide de s'associer à son "guérisseur" pour le commercialiser. Puis, trois ans plus tard, tous deux décident de proposer un savon très doux, comme la peau d'un bébé, d'une grande qualité et qui ne soit pas seulement réservé à une élite : on le trouvera non seulement dans les pharmacies, mais dans les épiceries, parfumeries, drogueries... Winburn, qui songe déjà à l'image d'un bébé pour la publicité de son savon, rencontre Arsène-Marie Le Feuvre, peintre à la mode et spécialiste des chérubins... Son bébé espiègle et resplendissant de santé apparaît en 1912 sur emballages, présentoirs, affiches, publications, murs peints. C'est un véritable phénomène publicitaire, au point que "Bébé Cadum" deviendra une expression courante du lagage populaire. Qui se cachait derrière ce visage rieur ? On a parlé du fils de la fameuse danseuse Isadora Duncan, ou de celui de l'aviateur Charles Lindbergh. Il est plus vraisemblable que Le Feuvre se soit inspiré tout simplement des traits de son propre fils ou de ceux de Charles Michaelis, enfant du directeur commercial.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le bébé Cadum s'efface pour laisser place, à la télévision, à de vrais bébés et leurs mamans qui se demandent "pourquoi les bébés Cadum ont de si jolies maman". Mais, réveillé en 2003 par une équipe de jeunes entrepreneurs, il a recouvré une seconde jeunesse et s'affiche à nouveau sur les murs de nos villes en attendant de fêter son centième anniversaire en 2007, toujours synonyme d'une "peau douce comme une peau de bébé".