La scène se déroule à Londres, en 1924, dans les bureaux de l'imprimerie Melton & Sons, spécialisé dans l'impression des billets de banque. Un certain Van Goyen, jeune homme sûr de lui et élégamment vêtu, est reçu par M. Melton, le directeur. Lette à l'appui, il explique qu'il est chargé par le gouvernement de Lisbonne d'une mission ultra-confidentielle : renflouer artificiellement l'économie de l'Angola, alors colonie portugaise. Pour ce faire, il demande à l'imprimeur de fabriquer des billets de 500 escudos pour un montant de 2.5 millions. M. Melton, fournisseur du Trésor portugais, n'y voit aucune objection. Mais Van Goyen exige, par mesure de discrétion, que soient atytribués aux nouvelles coupures des numéros de série appartenant à des billets déjà mis en circulation. Plus tard, on y apportera la mention Angola afin qu'ils ne puissent pas être utilisés au Portugal. L'imprimeur accepte cette clause peu banale à la condition expresse d'en avoir confirmation écrite du gouverneur de la banque centrale. Van Goyen accède à la requête. Il rapportera l'ordre écrit à l'imprimeur. Quelques jours plus tard, il revient en effet muni d'un bon de commande, qui n'est en réalité qu'un faux parfaitement imité auquel l'imprimeur ne voit que du feu. C'est ainsi que se déroule l'une des plus extraordinaires arnaques imaginées par des faussaires. Grâce à ce stratagème, les aigrefins se procurent des billets authentiques au lieu de prendre le risque de les contrefaire. La supercherie est découverte quelques semaines plus tard par hasard par un banquier de Porto qui se retrouve avec deux coupures portant le même numéro de série. Contacté par Interpol, M. Melton ne peut que plaider sa bonne foi en exhibant le faux bon de commande. Quant aux astucieux faussaires, dénoncés par des complices, ils ne tardent pas à être arrêtés et lourdement condamnés !
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