Chercher le réconfort à travers rites et superstitions peut avoir des conséquences parfois catastrophiques ! Ainsi, en 1718, une Parisienne, poissonnière de son état, avait assisté, impuissante, à la noyade de son enfant : Bastien, âgé de 4 ans, avait échappé quelques instants à la vigilance de sa mère, s'était approché des quais de la Seine et était tombé à l'eau.
De retour chez elle, la poissonnière éplorée raconte le drame qui la frappe aux voisins et commères.
"Je connais une méthode imparable pour retrouver le corps de ton petit, lui dit l'une d'entre elles. Fais-toi fabriquer une planchette, places-y un morceau de pain et une bougie bénits. Pose la planchette sur l'eau à l'endroit exact où Bastien s'est noyé et ne la quitte pas des yeux. L'endroit où la bougie s'éteindra t'indiquera l'emplacement de son corps."
La femme observe à la lettre ce rituel. Une fois sa tranche de pain et sa bougie consacrées par un prêtre, elle retourne sur les berges du fleuve et dépose sa planchette. Quelques instants plus tard, son frêle esquif se colle au flanc d'une barque chargée de foin et l'embrase. Pris de panique, le batelier saute à l'eau et se noie. La barque en feu heurte ensuite le Petit-Pont et enflamme les échafaudages en bois sur lesquels sont bâties vingt-deux maisons.
Trente-neuf personnes périssent dans l'incendie et la poissonnière est mise sous les verrous.
L'histoire ne dit pas si, après un si piètre résultat, le rite de la planchette est resté en vigueur sur les bords de la Seine !