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 De prières en miracles

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Joa
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MessageSujet: De prières en miracles   De prières en miracles EmptyMar 29 Avr - 9:58

El pokaj ed cé pyo klèrjo

Depuis un temps immérorial, à Melleville comme dans toutes les communes de Seine-Inférieure, dès le jeudi de la semaine sainte, les enfants de choeur étaient chargés, pour ainsi parler, de remplacer les cloches de l'église, lesquelles, leur disait-on, étaient parties à Rome où le pape devait les bénir.
C'est à ces enfants qu'était confiée la mission d'annoncer les offices. Munis d'instruments particuliers nommés clapets ils se rendaient le matin, le midi et le soir devant chaque demeure s'arrêtaient aux barrières et annonçaient la messe du matin, l'angélus du midi et le salut du soir.

Leur clapet était composé d’une planchette d’environ 25 centimètres de long, dix à douze centimètres de large que traversait par le milieu une tige de bois de même longueur. A l’extrémité supérieure de cette tige était adapté un battant pouvant pivoter sur son axe, de manière qu’en agitant l’instrument, ce battant venait frapper successivement sur chacune des extrémités de la planchette. Ajoutons que l’on tenait en main le clapet par l’extrémité opposée à celle où se mouvait le battant.
Le bruit produit par les clapets était censé remplacer la sonnerie des cloches. Après s’être arrêtés devant chaque habitation et avoir énergiquement agité leurs clapets, les enfants annonçaient, en chœur, l’office du matin : « l’on dit, l’on dit l’office à sept heures et demie ! » ; à midi ils chantaient : « Hé ! hé ! hé ! hé ! il est midi ! » Quant au salut du soir, ils l’annonçaient par ces mots : « l’on dit, l’on dit l’salut à huit heures et demie ! »
Il en était ainsi le jeudi et le vendredi saint. C’était le samedi que l’on procédait à la cueillette des œufs, autrement dit le pokaj{/i]. Dès le matin, les enfants de chœur, ayant cette fois abandonné le clapet – les cloches étant de retour -, s’en allaient, munis d’un panier, de maison en maison, mais au lieu de s’arrêter à la barrière comme les deux jours précédents, ils entraient dans chaque demeure. Après s’être découverts, ils s’agenouillaient sans que personne parût s’en étonner, puis ils chantaient sur l’air de la Prose [i]O filii et fiiliae le cantique suivant qui n’est peut-être qu’une traduction naïve qu’un poète de campagne a cru bon de faire de la prose chrétienne, à l’usage des villageois non latinistes. Voici le texte intégral de ce cantique tel qu’on le chantait avant la guerre de 1914-1918 à Melleville :

Ah ! tous chrétiens grands et petits
Réjouissez-vous en Jésus-Christ
Qui va ressusciter aujourd’hui
Vois le Seigneur, vois le Seigneur !
Vois le Seigneur, vois le Seigneur !

La Madeleine il s’est apparu,
Tous ses disciples l’ont reconnu,
Mais seul Thomas ne l’a point cru
Vois le Seigneur !, etc.

Voyez Thomas mes mains et mes pieds
Voyez si mon côté est percé
N’en doutez plus mais les croyez
Vois le Seigneur !, ect.

Voyez Thomas plein de frayeur
Qui s’écria de tout son cœur
Jésus mon Dieu c’est mon Sauveur
Vois le Seigneur !, etc.


C'est alors que se formulait l'appel à la générosité de la maîtresse de maison qui avait écouté attentivement :

Donnez des oeufs à vos chanteurs
Qui vous chantent les louanges du Seigneur.
Un jour viendra
Dieu vous le rendra ;
Alléluia ! Alléluia !
Alléluia ! Alléluia !


La fermière donnait à "ses chanteurs" les oeufs demandés et les enfants repartaient pour aller remplir le même devoir dans la maison voisine. Bien rares étaient ceux qui refusaient à payer leur petit tribut ; mais si parfois une fermière trop économe ne donnait rien aux petits "pokajés", ou faisait un don insuffsant à leur gré, ils avaient un couplet pour elle :

Perrette a mis sa poule à couver
C'était pour n'point nous en donner,
Un jour viendra, l'diable l'emportera
Alléluia ! Alléluia !
(bis)

Lorsqu'ils avaient ainsi visité toutes les maisons du village, portant à plusieurs les paniers pleins d'oeufs, les enfants se rendaient au presbytère où M. le curé procédait au partage du "Pocage" ainsi recueilli.
Les enfants de choeur n'étaient pas les seuls occupés, en ce jour de samedi saint, à la cueillette des oeufs. Le bedeau, lui aussi, allait de maison en maison portant deux paniers, l'un contenant du pain coupé en petits morceaux, ce pain avait été bénit le matin et dans chaque demeure on en prenait un nombre de bouchées égal à celui des membres de famille. Le deuxième panier recevait les oeufs qui étaient remis en échange du pain bénit ainsi offert.
Ajoutons qu'antérieurement, dans ce vilalge, on avait vu le maître d'école, en qualité de sacristain sans doute, procéder à la bénédiction des lits. Cet usage était abandonné au temps de mon enfance, mais des vieillards en parlaient encore en racontant leurs souvenirs de jeunesse...

Depuis 1914, la cueillette du "pokaj" ne se pratique plus.

J. Vacandard, Contes, récits et légendes des pays de France


Dernière édition par Joa le Dim 4 Mai - 9:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De prières en miracles   De prières en miracles EmptyVen 2 Mai - 10:22

La femme qui a perdu son mari
(patois bas-normands)


Men pouer [pauvre (pouer n'a qu'une syllabe)] Jean est biein malade,
Biein malade. Du
(Dieu) merci (bis) !
Men p'tit jean m'a demandàe
La milleur'ché
(chère, viande) d'Paris.
J'l'aimais tant, chu
(ce) pouer Jean !

Men p'tit jean m'a demandàe La milleur'ché d'Paris (bis).
Mais j'n'avions pues qu'une vueille catte
Qui n'savait pues hapaè
(happer, attraper) d'soueris
J'l'aimais tant, etc.


Mais j'n'avions pues qu'une vueille catte
qui n'savait pues hapaè d'soueris
(bis)
Men p'tit Jean m'a demandàe
Le milleur vin d'Paris.
J'l'aimais tant, etc.


Men p'tit Jean m'a demandàe
Le milleur vin d'Paris
(bis).
Mais j'n'avions pues qu'un' vueille mare
Où qu'no
(on) met l'lin à roui.
J'l'aimais tant, etc.

Mais j'n'avions pues qu'un"vueille mare
Ou qu'no met l'lin à roui
(bis).
Men p'tit Jean m'a demandàe
Le milleur mechtchin
(médecin) d'Paris.
J'l'aimais tant, etc.


J'mis ma coueffe (coiffe) et ma cape naire
A Paris j'm'en fus le q'ri
(quérir, chercher)
J'l'aimais tant, etc.

J'm'en étais allàee à Pâques
Je revins à la Saint-D'nis.
J'l'aimais tant, etc.

Quand je feus sus not'montagne,
J'entendis sounàe poer li...
J'l'aimais tant, etc.

Quand j'arrivis dans la chambre,
No m'dit qu'tout était fini.
J'l'aimais tant, etc.

Dans treinze aoun's d'la pus bell'taile
No l'avait enseuveli...
J'l'aimais tant, etc.

J'prins mes cisiaoux à point's feines,
Poin à poin je l'découesis.
J'l'aimais tant, etc.

Quand j'arrive à ses ollières
(oreilles)
J'avais poues (peur) qu'i n'm'entendît.
J'l'aimais tant, ect.

Quand j'arrive à sa grand'goule.
J'avais poues qui n'me mordît...
J'l'aimais tant, etc.

Quand j'arrive à ses gross's pattes,
J'avais poues qui n'me battît...
J'l'aimais tant, etc.

Je l'prins par les deux ollières,
Par-dessus l'mu je l'jetis
J'l'aimais tant, tant et tant
J'l'aimais tant, chu pouer Jean !


Jean Fleury, Contes, récits et légendes des pays de France
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MessageSujet: Re: De prières en miracles   De prières en miracles EmptySam 3 Mai - 10:12

Le abeilles sont suceptibles


Le hasard m'a fait assister à de grands et dignes moments. C'était dans une ferme, aux environs de Mortain. le maître, soudain couché pour prendre sa fin, a reçu la Mort comme on le doit, son tour venu, ne montrant ni lâcheté, ni peur pendant son arrivée solennelle. D'un regard affaibli il semblait la chercher surtout dans la chambre. Enfin, lorsqu'il l'eut aperçue, il s'immobilisa roide, comme tranquillisé. Mais elle était déjà sur lui.
le terme mis, la maîtresse n'a pas pris le temps de pleurer sur son maître d'homme resté l'oeil ouvert en plein dans l'autre côté. Tout aussitôt, elle s'est précipitée à l'armoire, l'a ouverte et en a tiré un long foulard de satin rouge ; puis lle a couru à la ruche, là-bas contre la lisière de la hair ronceuse.
Je l'ai suivie de loin et vu draper l'étoffe incarnat sur le faîte de paille. En un mot : y mettre le deuil, là, avant que tout un chacun ne l'apprenne.
Je l'ai vue s'agenouiller comme devant le palais du Bon Dieu et, m'approchant, j'ai pu entendre, de sa voix mise en plaintes, dire quelque chose comme ça :

Belles, belles mouches du ciel, vite raveillez-vous...
Raveillez-vous, c'est un gros malheu !...
Mes p'tites belles, vot père est juste passé...
Ah ! d'venez tristes comme mè qu'je pleure avec vous...


Alors seulement, elle a lâché les sanglots qu'elle avait retenus de force jusque-là afin de commencer sa peine à l'unisson des abeilles susceptibles. Et les larmes lui ont coulé.
Alors les mouches du ciel sont sorties à les croire folles de douleur, s'amassant frénétiquement les unes sur les autres. Puis l'essaim resta grappe figée face à la maîtresse prostrée.
Et, touchées par cette profonde marque d'affection, elles ne sont pas parties à jamais comme elles l'auraient fait si on avait trop attendu pour les associer au deuil familial.
J'étais là. J'ai vu J'en témoigne.

Claude Seignolle, Contes, récits et légendes des pays de France.
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MessageSujet: Re: De prières en miracles   De prières en miracles EmptyDim 4 Mai - 9:28

Pour ceux qui sont "malades d'un saint"


Au Petit-Andely, saint Mamet (ou plutôt saint Mesmin, saint Mamert) a pour spécialité d'être le protecteur, dans le ciel et sur laterre, de tous les petits enfants du pays qui ont la colique ou des convulsions. Il est, pour eux, un véritable pélican. les nourrices qui ont mal aux mamelles, les grandes personnes qui ont mal a ventre, ont aussi recours à saint Mamet.
ici, on dit qu'on est malade d'un saint, et on va le prier ; pui on est guéri, ou à peu près.
A saint mamet on ne donne rien ; au contraire, on lui ôte...
Comme c'est du ventre qu'on souffre, on s'adresse au ventre du saint, suivant la méthode homéopathique. Après avoir fait dire un évangile, moyennant un patard (deux liards jadis, aujourd'hui dux centimes, la GFrance est si riche et tout est si cher !), on apelle le sacristain ; celui-ci gratte avec un couteau le ventre du bon saint Mamet : on recueille soigneusement la raclure et on l'avale dans sa soupe. Une seule pincée de la précieuse poussière, mise dans la bouillie d'un enfant, lui ôte ses convulsions comme par enchantement.
A force de gratter le nombril de ce pauvre saint Mamet, on le lui a usé passablement, et s'il n'a pas la bourse vide, il a du moins le ventre creux, ce qui n'est pas propre, même pour un saint de pierre. Aussi, pour cacher ce trou béant à son abdomen, on y a placé un petit tablier de soie verte qui lui donne l'air d'un cuisinier, ou d'un garçon de salle de dissection.
Puis, de temps en temps, l'honnête sacristain lui remet un peu de baume au coeur, au moyen d'une poignée de plâtre qui répare le chancre que la foi creuse sans cesse. Ma foi est aveugle, et le pélerin gratte toujours de confiance le ventre toujours nouveau d'un saint qui est toujours le même. Et cela se passe dans un pays où est crié chaque matin, dans les rues, le Petit Journal officiel d'un sou ! Il est vrai de dire que le cmmer ce du Petit Officiel va moins bien que celui du bienheureux Mamet : nous avons remarqué que le crieur cumulait, avec la vente de son journl, l'achat de peaux de lapins et le négoce des allumette. Cela est peu respectueux pour la feuille impérale...

A.L. Boué, Contes, récits et légendes des pays de France
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