Intrigué par plusieurs cas d'éléphants africains ayant dévalisé des réserves d'alcool pour s'enivrer volontairement, Ronald Siegel, un psychologue américain, a entrepris, une étude du phénomène à l'échelle de la planète. Après des années d'enquête, ses conclusions sont stupéfiantes. Elles mettent en lumière qu'outre les pachydermes, notoirement portés sur la bouteille, plus de deux mille espèces d'animaux sauvages consomment sans modération alcool et narcotiques, que la nature leur prodigue généreusement. Céréales, plantes ou fruits fermentés, fleus de pavot, feuilles de coca, haschich ou chanvre indien : aucune substance euphorisante ou sédative n'échappe à la convoitise de nos amies les bêtes.
Sachant aujourd'hui que les manchots lèvent le coude à l'occasion, que les araignées tissent des toiles psychédéliques, et que des mille-pattes éthyliques titubent dans la savane, une question se pose cependant : pour quelles raisons nos compagnons éprouvent-ils le besoin de s'adonner aux paradis artificiels ?
"Pour atténuer les tourments de l'existence, répond le psychologue, évoquant le comportement des éléphants poivrots. J'ai fait vivre pendant un mois des pachydermes sur un territoire confiné, dans une réserve de Californie. Pour échapepr au stress de la surpopulation, ils ont bu trois fois plus que d'habitude. Après s'être copieusement abreuvés dans une fosse où macéraient les fruits, ils ont agité frénétiquement les oreilles et barru à tout va. Avant de s'effondrer, ivres morts, les quatre pattes en l'air", a expliqué le chercheur. Sans préciser si leur gueule de bois les avait dissuadés de s'offrir, le lendemain, une nouvelle tournée !