A quarante-quatre ans, Zhou Jung-Zhi est un séducteur impénitent. Seul problème : sa jalousie maladive effrais ses conquêtes, qui, à peine séduites, s'empressent de le quitter. Ainsi en est-il de Mlle Li, une valeureuse marchande de soupe. Harcelée par son amant sur son passé et ses fréquentations, la belle manifeste rapidement son désir de rupture. Bien mal lui en prend ! Zhou la séquestre et l'entrave dans son appartement. Muni d'une aiguille à coudre trempée dans de l'encre, il la tatoue consciencieusement d'injures des pieds à la tête. Doté d'un vocabulaire imagé, le tortionnaire plumitif ne lésine pas sur les idéogrammes salaces, abondamment disponiblesz, paraît-il, dans la langue de lao Tseu.
Après avoir enduré des sévices pendant trois mois, Mlle Li parvient à s'échapper et porte aussitôt plainte auprès du tribunal. Arrêté et condamné à mort par un juge de Shagai, Zhou plaide la maladie mentale et voit ainsi sa peine commuée en emprisonnement à vie, à la condition qu'en prison sa conduite soit exemplaire.
Pour tenter d'effacer, à l'aide de greffes de peau, les slogans orduriers qui outragent son corps, l'infortunée marchande de soupe consulte aujourd'hui chirurgiens esthétiques et dermatologues. Car, comme on le sait, si les paroles s'envolent, les écrits restent !