Près du hameau de Quercitello, à une dizaine de kilomètres au nord de Piedicroce, au bord du col de San Pietro, à l'altitude de 974 mètres, se dressent les ruines d'un petit oratoire en pierres plates superposées comme on en trouve dans les sanctuaires très primitifs. Il porte le nom de cathédrale San Pietro.
L'appelation de "cathédrale" est évidemment déroutante, mais il y a plus étonnant encore. D'après une tradition locale, la cathédrale San Pietro ne se trouverait pas là, mais au sommet du San Pedrone qui domine le col à l'altitude de 1766 mètres. Il s'y dresse, en effet, un clocher qui, visible de fort loin, sert de repère aux marins. Les lieux sont certes majestueux, mais, enneigés la moitié de l'année, ils ne sont fréquentés que par les bergers à la belle saison. Si on ne sait pas si la cathédrae se trouve ici ou là, elle ne sort cependant pas de l'imagination de ses habitants, ni ne constitue une de leurs vantardises : elle a bel et bien existé. La raison en est politique. Au XVIe siècle, un conflit menaçait d'éclater entre Pise et Gênes, cette dernière se plaignant que les Pisans aient un évêché de plus en Corse. Le pape décida alors de créer pour Gênes un nouvel évêché, celui d'Accia. La ville n'existait pas, la cathédrale non plus, et on baptisa de ce nom un des oratoires dédiés à san Pietro, soit celui du col, soit celui du sommet...
La chronique mentionne que l'évêque d'Accia a célébré une messe dans l'église du col en 1561, après quoi, il est reparti, car il n'y avait pas la moindre possibilité de se loger dans les environs. Par la suite et durant un siècle, un office a eu lieu environ une fois par an dans l'église du bas comme cele du haut. Puis l'évêché d'Accia, la ville fantôme, fut supprimé et les deux édifices religieux tombèrent en ruine.