Cette coutume témoigne des relations particulièrement civiles et agréables qu'entretenaient à la Renaissance, au sein de l'austère Parlement de Paris, des personnes qui se devaient mutuelle déférence.
La cérémonie - dont le nom évoque à la fois le bassin d'argent contenant les fleurs et la charge obtenue - consistait en une offrande de roses faite par ceux qui venaient d'être nommés pairs de France, ducs ou princes.
Celui qui était choisi pour présider la bâillée devait faire joncher de fleurs toutes les chambres de justice et organiser pour tous les membres du Parlement un splendide déjeuner au son des violes et des hautbois.
Il était ensuite reçu dan la grand-chambre et assistait à la messe avec le Parlement entier.
Un faiseur de roses, appelé "rosier de la Cour" se chargeait tous les ans de la livraison des fleurs.
Hélas, c'était devenu un si grand honneur que de présider la bâillée que des questions de préséance s'en mêlèrent...
Ce fut le cas lorsque, en 1541, le Parlement de Paris en confia le soin à Louis de Bourbon, prince du sang... alors qu'il avait été créé duc et pair un mois après François de Clèves !
En 1586, le roi de Navarre, futur roi de France, rendit cet hommage pour la dernière fois.
La bâillée des roses tomba ensuite en désuétude.