Au début du XVIIe siècle, le comte de Montrevel, près de Bourg, vivait en épicurien et en libertin, méprisant l'Eglise et les lois, ce qu'il pouvait se permettre, avec ses six cents mille livres de rente, une fortune, même dans la noblesse. Il avait également une conception toute personnelle de la justice. il avait instauré un tribunal pour juger les animaux de son domaine coupables de quelque inconduite. Ainsi, les chiens qui avaient aboyé inconsidérément ou les chevaux qui ne s'étaient pas montrés assez dociles étaient impitoyablement par lui condamnés à mort. Le comte possédait un château entouré d'un parc magnifique, mais en bordure de celui-ci, se trouvait un four à chaux dont la fumée était incommodante lorsque le vent allait dans la mauvaise direction. Il tenta de l'acheter à son propriétaire, mais, ce dernier refusant obstinément, il décida de recourir aux pratiques particulières qui étaient les siennes en matière de justice. Il convainquit une femme du village de disparaître et soudoya des faux témoins pour affirmer que l'homme l'avait tuée et brûlée dans son four. Convaincu d'assassinat le malheureux fut condamné à être roué vif. Mais alors qu'on le conduisait au supplice, il reconnut la femme, qui se cachait dans l'assistance. Celle-ci fut arrêtée, ainsi que les faux témoins, et tous furent exécutés. Seul le comte de Montrevel, que ses relations et sa fortune rendaient intouchable, ne fut pas inquiété. Il avait même profité des événements pour s'emparer du four à chaux et le faire disparaître.