Vers l'an 48, après l'ascension du seigneur, Marthe, Marie-Madeleine, Lazare et d'autres saints, sont embarqués sur un bateau sans voiles, sans rames, sans gouvernail et sans vivres.
Ils sont promis à une mort certaine.
Pourtant, un souffle mystérieux dirige l'embarcation jusqu'aux rivages de la Camargue.
Marthe et ses compagnons remontent le Rhône et sur ses rives aperçoivent une foule qui pleure et se lamente.
On leur apprend que la Tarasque, un animal amphibie plus épais qu'un boeuf, à la peau couverte d'écailles, avec une tête énorme et des dents grosses comme des cornes, se tient sur le fleuve et sur ses bords, alors couverts d'épaisses forêts : elle empêche la navigation, se plaît à faire chavirer les embarcations et dévore les habitants de la région.
Marthe part à sa recherche, en robe brune, un voile bleu couvrant ses cheveux, tenant fermement une croix.
Elle marche longuement, guidée par la présence d'ossements épars sur le sol, et trouve la Tarasque en train de finir son horrible repas.
Elle lui présente la croix.
Le dragon, à cette vue, baisse sa tête hideuse et, dompté, se laisse passer autour du cou la ceinture de la sainte.
Marthe le ramène devant le peuple qui l'assomme à coups de lance et de pierres.
Reconnaissants, les habitants se convertissent et le lieu est nommé Tarascon.
Depuis, l'ordre des chevaliers de la Tarasque, fondé par le roi René en 1474, perpétue l'exploit de sainte Marthe, chaque 29 juillet, avec sortie et mise à mort rituelle du terrible dragon.