Si tu penses que les prisons sud-américaines sont des mouroirs, dans lesquels les prisonniers croupissent dans des conditions de détentions inhumaines, tu te trompes. En Bolivie, par exemple, la centrale de Palmasola, pourtant réputée dangereuse et surpeuplée, offre à quelques-uns de ses locataires des conditions d'accueil dignes d'un hôtel de luxe. Ainsi, moyennant une "taxe d'habitation" de 20 000 euros, versée à l'administration carcérale, Luis Bernardo Salomon Soria, un traficant de cocaïne notoire, purge sa peine de vingt ans de réclusion dans une cellule de 200 mètres carrés. Composée de trois suites, avec chambre, salons, salles de gymnastique et de billard, télévision par câble, bibliothèque, cuisine équipée, salle de bain et air conditionné, sa cellule donne sur un jardin privatif où, quand le temps le permet, deux cuisiniers s'activent autour d'un barbecue et confectionnent pour le détenu des repas succulents, accompagnés des meilleurs crus. A l'étage supérieur, pour 1 euro la nuit, les malfrats de piètre envergure s'entassent à vingt par cellule et tuent le temps en organisant des courses de cafards, quand ils ne s'étripent pas à coups de tessons de bouteilles. Des organisations humanitaires se sont émues de cette justice à deux vitesses. Mis en demeure de s'expliquer, le ministre bolivien concerné a plaidé sa cause : "Nous ne disposons pas du budget suffisant pour nourrir et loger tous nos prisonniers. Pour inciter les riches à payer pour les pauvres, nous devons leur permettre de purger leur peine dans de bonnes conditions !"