L'histoire des sciences démontre que, bien souvent, les grandes inventions résultent du mariage improbable du hasard et de la nécessité. Ainsi, quand il se rend d'urgence à Madagascar au chevet de son frère qui souffre d'une crise aigüe de paludisme, Alfred Muller, un électonicien strasbourgeois, n'imagine pas qu'à sa manière il va faire avancer la recherche médicale. Dès son arrivée sur la Grande Île, Muller constate avec effroi que, pour faire chuter la fièvre, un médecin a prescrit à son frère de l'Halofantrine. Or ce puissant médicament, le seul disponible, provoque une arythmie cardiaque mortelle si le dosage n'est pas contrôlé avec précision. Or, à cette époque, les hôpitaux malgaches ne sont pas encore équipés d'électrocardiographes. Désespéré, Muller ramasse une console de jeu qui traîne dans la chambre du malade. Il la retourne, l'ausculte, désosse le boîtier, tire des fils, fait des soudures, et transforme peu à peu la Gameboy en appareil bizarre, équipé de trois électrodes. Il en fixe une sur un pied, les deux autres aux poignets de son frère, et relie le tout à un ordinateur. Contre toute attente, l'électrographe de fortune, fait de bric et de broc, fonctionne suffisamment pour être utilisable. "Grâce à ma machine, le médecin a pu doser le médicament sans risque. Après deux semaines de traitement, mon frère était hors de danger", a modestement conclu le génial bricoleur.