Pourquoi les membres d'une confrérie de balayeurs d'Istanbul paient-ils rubis sur l'ongle le droit de nettoyer, dès la tombée du jour, les rues de Grand Bazar ? Parce que les orfèvres qui opèrent aux abords du marché traitent trois cent cinquante tonnes d'or par an, et que la poussière aurifère, libérée par leurs dix tonnes de déchets, se répand partout dans le quartier. Pour s'approprier cette manne invisible, quatre entreprises, comptant une quarantaine d'ouvriers chacune, s'acquittent auprès de la municipalité d'une taxe annuelle, calculée que la quantité de métal récolté. Ainsi, par exemple, pour passer quotidiennement au peigne fin le caravansérail de Cuhaci, le propriétaire de l'une d'entre elles doit-il verser à la ville 36 000 euros soit la valeur de trois kilos d'or. Mais il n'est pa rare que le drainage d'une vulgaire canalisation, destinée pourtant à ne recueillir que des eaux de pluie, procure plus de 5 000 euros au bénéficiaire d'une concession ! Pour mettre un frein aux bagarres sanglantes qui éclatent entre groupes rivaux pour exploiter à leur profit des territoires mal définis, le maire de la ville est allé jusqu'à demander à des chimistes d'analyser le contenu des fosses septiques. Pour déterminer leur teneur en or et fixer le montant de la txe que devront payer ceux qui auront le privilège de les vidanger !