Hylla Piotr, un sexagénaire allemand d'origine polonaise, croupit depuis trente ans dans les geôles françaises. Transféré de prison en prison au gré de ses diverses condamnations, il purge à Toul une dernière peine de dix ans pour tentative de meurtre. En juin 2003, lorsque vient l'heure de sa libération, le détenu est daisi d'une peur incontrôlable à l'idée de devoir affronté le monde extérieur. Dans l'espoir de prolonger son séjour derrière les barreaux, il écrit au procureur de Berlin pour s'accuser de l'assassinat, dix ans plus tôt, d'un Hollandais, et demande à la police de Toul de venir l'interroger. A l'inspecteur qui s'est déplacé Piotr avoue avoir rossé à mort un compagnon de beuverie devant une boîte de nuit, puis l'avoir dépouillé de 2 000 marks. détail troublant : on avait effectivement retrouvé dans les poches du malfrat un florin et une carte de club établie au nom de la victime. Quelques semaines plus tard, quand la police outre-Rhin confirme qu'effectivement un Hollandais a été tué en 1993 près du club en question, une procédure d'expulsion du prisonnier vers l'Allemagne est demandée au parquet de Toul. "Bien sûr, j'aurais préféré rester incarcéré dans une prison française, a raconté Piotr avec amertume. J'y ai mes habitudes et la nourriture est acceptable. Mais je me console en me disant qu'en me dénonçant, j'aurai au moins la chance de ne pas finir mes jours en liberté !"