La vigilance de nos contemporains se serait-elle relâchée au point qu’ils soient aujourd’hui incapables de distinguer un vrai billet de banque d’une grossière falsification ? C’est de moins ce que laisse entendre un grand quotidien allemand, en révélant une anecdote à peine croyable. Il y a peu, à Hambourg, pour doper ses ventes, un fabriquant de farces et attrapes a mis en circulation des billets de 300 à 600 éros. Sur ces coupures dédiées au dieu de l’amour, les chefs-d’œuvre de l’architecture européenne ont été remplacés par de gracieuses silhouettes féminines aux seins nus, et les étoiles qui symbolisent l’Union par un chapelet de cœurs. Bien que les différences entre vrais et faux billets soient flagrantes, et qu’il n’existe pas de coupures de cette valeur, de nombreux commerçants se sont laissé berner. « Quand un client m’a tendu une coupure de 600 éros pour régler un petit achat, j’ai bien noté que le billet était différent, s’est désolé Bernd Friehelm, un buraliste, mais il m’a expliqué que c’était tout nouveau. Je l’ai cru et je lui ai rendu la monnaie, soit 534 euros ! » Après qu’une dizaine de plaintes se sont accumulées, la police de la ville a ouvert une enquête et retrouvé sans difficulté la firme ayant mis les éros en circulation. Pour autant, les plaintes sont restées vaines, et les billets n’ont pas été retirés de la circulation. « Les différences entre éros et euros sautent aux yeux, et on ne peut pas parler dans ce cas de contrefaçon, a déclaré un porte-parole. S’il fallait protéger les citoyens contre la bêtise, les moyens de la République n’y suffiraient pas ! »