Au début du XXe siècle, alors que la planète a presque entièrement livré ses secrets, seule l'exploration des pôles suscite encore la convoitise des aventuriers. En 1911, Britanniques et Scandinaves se livrent une féroce compétition pour la conquête de l'Antarctique. Tandis que, pour se déplacer, les premiers s'équipent de juments sibériennes à poils longs et d'engins à chenilles, les seconds choisissent d'utiliser les traîneaux traditionnels, tirés par des chiens. On connaît le dénouement de ce duel réfrigérant. Le 17 janvier 1912, quand Robert Scott atteint enfin le pôle sud, il découvre que le drapeau norvégien y flotte déjà, Amundsen l'ayant devancé de peu. Seul, vaincu, et sans doute de très mauvaise humeur, l'explorateur anglais s'en retourne tristement vers le navire où l'attendent ses compagnons. Mais la tempête se lève et le transforme bientôt en glaçon. On enterre sur place ses restes congelés le printemps suivant. Si l'on en croit le Dr Ian Whilliams, l'histoire ne s'arrête pas là. En 1998, cet éminent glaciologue a, en effet, constaté que la fonte de la banquise avait déplacé de 56 kilomètres la sépulture du malchanceux. Pour l'emmener jusqu'à l'endroit exact où il avait donné rendez-vous aux siens quatre-vingt-six ans plutôt ! "Scott était têtu comme une mule. Il avait promis à son équipe qu'il regagnerait sa base, ayant ou non atteint son objectif. Il a tenu parole", en a conclu Whilliams.