Les Anglais, entre autres choses, ont inventé le tourisme, et leur premier lieu de villégiature a été Nice. La bonne société d'Outre-Manche, victime à la fois d'une industrialisation précoce et d'un climat pour le moins maussade, s'y donna rendez-vous dès la Restauration. A cette époque, la ville, alors modeste, comptait une importante colonie britannique. L(hiver 1821 fut particulièrement froid, à tel point que tous les orangers disparurent. Et l'année d'après, ces dégâts entraînèrent un chomage considérable dans les populations agricoles. Touchés, les Anglais se cotisèrent pour donner du travail aux plus nécessiteux. C'est ainsi que fut ouvert un grand chantier, afin de construire une jetée et une avenue en bord de mer. Par la suite, la municipalité reconnaissante donna le nom de "Promenade des Anglais" à l'artère ainsi créée. Le succès de Nice ne tarda pas à s'amplifier et la Promenade se couvrit de villas de toutes sortes. Il n'existait pas alors de règlement d'urbanisme et chacun fit construire selon la fantaisie la plus débridée. Tous les styles se côtoyaient : antique, mauresque, russe, rococo, parfois dans la même demeure. Voici comment un chroniqueur du temps décrit "La Folie Smith", l'une des plus extravagantes d'entre elles : "Ce n'est ni un château, ni un palais, ni une tour, ni un bastion, ni une villa, ni une pièce montée, ni un gâteau de Savoie, ni rien qui ait un nom dans aucune langue : cascade aride de murs et de terrasses escarpées roulant du promontoire à la mer, âpre décor planté sans goût sur un roc sans herbe, c'est ce qu'on appelle La Folie Smith."