Après huit heures d'audience ininterrompues, Clara Clearwater, juge à la cour d'assises du Cap, en Afrique du Sud, est littéralement épuisée, et la pile de dossiers qui encombrent encore son bureau a à peine diminué. C'est pourquoi elle se frotte les yeux de fatigue lorsqu'un groupe de onze dangereux malfaiteurs prend place dans le box des accusés. Parmi eux se trouvent un violeur récidiviste, deux trafiquants de cocaïne et trois braqueurs de banque. A l'ébahissement général, alors qu'un premier témoin s'apprête à monter à la barre, la juge assène de violents coups de maillet sur son pupitre et prononce un non-lieu collectif. Tandis que les voyous déguerpissent sans demander leur reste, les assesseurs stupéfaits demandent à leur collègue ce qu'il lui prend. "Je suis affamée, j'ai soif, j'ai sommeil, et mes pieds sont en compote. Alors, fichez-moi la paix !" leur répond Clara, excédée, en quittant le tribunal. Une heure plus tard, informé de l'affaire par téléphone, le ministre de la Justice demande à la police de faire l'impossible pour retrouver les malfrats et les renvoyer derrière les barreaux. Il lui demande aussi de lui livrer la juge. Séance tenante et menottes aux poignets. On ne sait si cet incident, unique dans les annales de la jsutice sud-africaine, a contribué à alléger la charge de travail des magistrats.