Aujourd'hui est-il un geste plus banal que celui d'ouvrir un placard de cuisine pour prendre une boîte de sardines ou de petits pois ?
C'est au modeste Nicolas Appert, fils d'aubergiste de Châlons-en-Champagne, que nous le devons.
En 1784, il est confiseur rue des Lombards à Paris.
En ce temps-là, être confiseur consiste à mettre des aliments dans le sucre, la graisse, le vinaigre, le sel pour les conserver.
Vers 1796, il a l'idée instinctive et géniale de conserver les aliments par stérlisation, en les enfermant dans des bouteilles de champagne bouchées hermétiquement, plongées un certain temps dans de l'eau portée à ébullition.
Plus tard son ami Saget, qui possède une verrerie, réalise pour lui des bouteilles de verre épais et à large col.
On lui décerne des médailles ; Montalivet, ministre de l'Intérieur, en 1810, lui offre une somme de 12 000 francs à la condition qu'il publie sa méthode.
Le Livre de tous les ménages ou l'art de conserver pendant plusieurs années toutes les substances animales et végétales est publié et largement distribué.
Il ne reste plus à Nicolas Appert qu'à recevoir, par la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, le titre de "Bienfaiteur de l'humanité" et à mourir dignement à quatre-vingt-onze ans, seul dans un modeste appartement de Massy, dans le plus parfait dénuement, au point que son corps finira à la fosse commune...