Dans les années 1900-1910, la connaissance du noble métier de paysan était plus fondée sur la transmission orale des anciens que sur les conseils des institutions existantes (le premier ministère de l'Agriculture date pourtant du 14 novembre 1881). Mais, à l'époque où l'information, écrite bien entendu, était plus sollicitée que subie, de nombreux foyers ruraux tenaient à se "tenir au courant" pour sortir de leur isolement. L'abonnement aux almanachs, catalogues et journaux le leur permettaient. C'était également, pour eux, une façon de se perfectionner dans l'exercice de la lecture et d'en faire profiter les enfants. Les familles qui n'en avaient pas les moyens, en profitaient également, car le monde paysan savait faire rimer convivialité avec solidarité.
Tout comme les cartes postales anciennes, ces documents sont, en quelque sorte, le miel de l"historien. Il en est ainsi des almanachs-annuaires qui étaient édités, chaque année, dans tous les départements français.
Dans le calendrier d'antan, chaque jour de l'année correspondait à la fête d'un nombre, plus ou moins important, de saints dont certains avaient, pour compliquer les choses, le même prénom. Il existe ainsi 21 Marguerite et près de 100 Jean différents ! Difficile donc de s'y retrouver parmi 40 000 saints. Seul Dieu pouvait reconnaître les siens.
Cela ne troublait pas outre mesure les paysans, qui étaient plus spécialement attachés aux grandes commémorations liées au cycle de la nature.