Hybride issu de l'accouplement de l'âne et de la jument, son existence implique la présence simultanée dans le même lieu des deux géniteurs, mais force est de constater, comme le remarque Adolphe Guénon, que "son origine nous est cachée par le voile impénétrable de la nuit des temps"...
Si l'on en croit Rabelais, c'est à messire Gaster, sorte de Dieu polytechnicien, qu'il faut attribuer la création d'un mulet : "Il par invention grande mesla deux espèces d'animans. Asne et lumens pour production d'une tierce, laquelle nous appellons muletz bestes plus puissantes, moins délicates, plus durables au labeur que les aultres..."
Plus prosaïquement, selon Piétrement, vétérinaire militaire au siècle dernier, les premier mulets orientaux seraient nés (2500 à 3000 ans avant notre ère ?) dans les régions asiatiques situées entre le Gange et le littoral méditerranées de Syrie.
Lorraine Travis signale que des représentations de mules ont été retrouvées dans les pyramides égyptiennes et qu'un vase découvert à Thèbes était décoré d'un chariot tracté par des mules. Il rapporte également que les Hittites, descendants des civilisations cavalières de l'Asie Centrale, estimaient à soixante moutons la valeur d'une mule, alors qu'elle n'était que de vingt moutons pour un cheval... En Assyrie au nord de l'Urak actuel, particulièrement prospère des XXe au VIIe siècles avant Jésus-Christ, le mulet est souvent représenté sur les bas-reliefs anciens : l'un d'entre eux notamment, provenant de Ninive représente un mulet bâté, crinière coupée et queue nouée, étrangement ressemblant à nos illustrations du siècle dernier. La présence de ces animaux est attestée en Israël à partir du règne de David, au Xe siècle avant Jésus-Christ, et les fils du roi, Absolom et Salomon, les utilisent comme monture à des moments cruciaux de leur existence : le premier lors d'une course poursuite à l'issue de laquelle il sera exécuté, et le second lors de son accession au trône. Mules et mulets sont ensuite régulièrement évoqués dans les versets de l'Ancien Testament.
En Grèce Antique, l'usage des mules est largement répandu, et au Ve siècle avant Jésus-Chrits, les philosophes grecs s'interrogent sur les causes de la stérilité de l'hybride : pour Empédocle, l'infécondité des mules tient au fait "que leur matrice est trop petite, trop basse et trop étroite, étant attachée et tournée vers le ventre, de sorte que la semence ne peut être droit jetée dedans...", ce à quoi Diocles lui porte témoignage en ajoutant "qu'il advient pour les mêms causes que quelques-unes des femmes soient stériles..." ; quant à l'infécondité des mulets, elle résulte selon Alcméon, de la froideur des femelles qui provoque une dilution excessive de la semence...
Dans son Traité d'économie rurale publié au premier siècle avant Jésus-Christ, Varron fait l'apologie du mulet dont il préconise la production à partir d'un âne de grande taille originaire d'Arcadie (Grèce occidentale) ou de Réate (Italie Centrale).
Ce témoignage, ainsi que ceux d'autres écrivains romains tels que Pline l'Ancien ou Columelle, au tout début de notre ère, montre que les règles de l'industrie mulassière sont parfaitement codifiées à cette époque, et tout laisse à penser que mules et mulets accompagnaient les légions de César lors de la guerre des Gaules. Près d'un siècle plus tard, l'empereur Claude fait d'ailleurs l'éloge des mules gallo-romaines dont il a remarqué l'intelligence et a docilité.
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