Ma femme se fait opérer de l'appendicite. On est dans un hôpital américain, et le chirurgien m'honore de sa présence et de ses explications, avec l'anesthésiste, l'infirmière, etc. On est six dans la chambre de ma femme, toute blanche, qui sort de la salle de réveil, et moi, quand la situation est tendue comme ça, je lâche volontiers une caisse. Je fais un mètre cube d'hydrogène sulfureux. Tu sais que moi je peux tuer un teckel à cinq mètres ! D'ailleurs l'animal ne souffre pas, c'est rupture d'anévrisme directement.
Et à ce moment-là, ma petite femme se retourne (elle m'appelle Pompon dans l'intimité) et dit :
- Ah ! Pompon t'as peté, tu pues !
Tout le monde me confirme par un signe de tête que c'est un cauchemar, une infirmière dit :
- On pourrait peut-être ouvrir la fenêtre ?
- Oui, oui !
Il fait un froid de canard dehors, et je leur dis :
- On ne serait pas mieux pour parler dans le couloir, histoire de laisser ma femme se reposer ?
Et l'anesthésiste me répond :
- Je pense qu'elle va encore dormir une heure ou deux ! On va la laisser récupérer.
La honte de Jean-Marie Bigard