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 L'affaire du courrier de Lyon

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Joa
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Joa


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MessageSujet: L'affaire du courrier de Lyon   L'affaire du courrier de Lyon EmptyVen 3 Avr - 13:13

Paris, 27 avril 1796, cinq heures et demie de l'après-midi. La France est en révolution depuis bientôt sept années. Tirée par trois chevaux que conduit le postillon Nanteau, la malle de Lyon quitte la poste aux lettres, située alors 326, rue Saint-Martin et prend la direction de la porte Saint-Antoine.

Une malle volée

Deux personnes sont du voyage : Excoffon, le courrier, chargé de convoyer la malle jusqu'à destination (elle transporte sept millions d'assignat, que la Trésorerie nationale vient de livrer) et un passager pour Lyon.
La route est longue de Paris à Lyon. Animaux et postillons doivent donc régulièrement relayer. A Villeneuve-Saint-Georges, Nanteau cède ainsi sa place à Etienne Audebert, qui doit être remplacé à son tour à Melun. A Melun, le 28 avril, il est deux heures du matin et la malle de Lyon accuse un retard considérable. Le maître de poste de Melun envoie un postillon à sa rencontre. Ce dernier la trouve non loin, au pont de Pouilly. Deux chevaux dételés, sont attachés à un arbre. Le troisième a disparu. La malle est abandonnée, un cadavre à proximité. Le postillon s'enfuit aussitôt.

Au pont de Pouilly, à six heures du matin, le juge de paix Beau et l'accusateur public du département de Seine-et-Marne arrivent à leur tour sur les lieux. Ils découvrent en définitive deux morts : le postillon Audebert et le courrier Excoffon. Ils constatent par ailleurs la disparition d'un cheval, du passager pour Lyon et des sept millions d'assignats.

L'enquête avance

Chargé de l'enquête, le juge Beau détient dans la matinée des éléments intéressants. Bien avant le passage de la malle, vers midi, quatre cavaliers, montés sur des chevaux de louage, selon les témoignages, se sont retrouvés au relais précédent, à Montgeron. Ils ont déjeuné à l'auberge. Puis ils sont repartis vers trois heures en direction de Lieusaint, le relais suivant. Vers sept heures, à Lieusaint, l'un d'eux a demandé à quelle heure arrivait la malle. Elle était très proche, mais ils ne l'ont pas attendue. Ils ont pris aussitôt la direction de Melun.
Pour le juge Beau les choses sont simples : les inconnus ont attaqué la malle avec la complicité du passager. Ils sont repartis ensemble avec les assignats et le cheval manquant que montait le passager. Reste à trouver où...
Le jour même, à Paris, une sentinelle déclare avoir vu rentrer, barrière de Rambouillet, entre quatre et cinq heures du matin, cinq cavaliers aux montures épuisées. De fait, on retrouve, place des Vosges, abandonné, le cheval manquant de l'attelage. Les brigands sont donc à Paris, pour les dénicher, la police interroge aussitôt, et systématiquement, tous les loueurs, marchands de chevaux, propriétaires d'écurie de la capitale. De l'un d'eux, elle sait qu'un dénommé Etienne Couriol, vingt-huit ans, natif d'Avignon, demeurant 200, rue du Petit-Reposoir, a mené quatre chevaux chez lui le 28 avril, à quatre heures du matin, et qu'il les y a repris à sept heures. La police se précipite immédiatement àl'adresse indiquée. Elle y apprend que le 28 avril Couriol a brusquement quitté les lieux, en compagnie de sa concubine, Madeleine Bréban, pour s'installer 27, rue de la Bûcherie, chez un certain Richard, bijoutier. D'après ce dernier, quand les policiers s'y présentent, Couriol ne s'y trouve déjà plus. Il est parti à Château-Thierry.

Quelques jours plus tard, Couriol y est arrêté avec sa concubine. Dans un portefeuille, la bagatelle d'un million deux cent mille livres en assignats et autres valeurs est découverte. Ils sont transférés à Paris, avec les papiers d'un certain Guénot, qui habitait également l'immeuble et dont la police n'a pas eu le temps d'approfondir son éventuelle relation avec l'affaire.
Dans la capitale, les billets, examinés, s'avèrent, à hauteur de cent mille livres, porter les mêmes numéros que ceux de la malle de Lyon. Manifestement, la police tient un des attaquants de la malle-poste. Toutefois, les autres manquent. Du coup, le bijoutier Richard, qui a hébergé Couriol, et pourrait être un de leurs complices, est arrêté à son tour.
Deux jours plus tard, Guénot se présente au cabinet du citoyen Daubenton, juge d'instruction désormais chargé du dossier, pour récupérer ses papiers. Il est accompagné d'un de ses amis, originaire de Douai, comme lui. Âgé de trente-trois ans, il s'appelle Lesurques. Ils patientent en compagnie de deux paysannes. Après avoir été introduites dans le bureau du juge, les deux paysannes repartent quelques instants plus tard. Guénot et Lesurques leur succèdent.
Guénot est interrogé sur l'endroit où il descend quand il vient à Paris :
"- Chez Richard, bijoutier, rue de la Bûcherie.
- Pourquoi chez lui ?
- Il est originaire de Douai, comme moi.
- Connaissiez-vous Etienne Couriol, arrêté dans le même immeuble que vous à Château-Thierry ?
- Oui, je l'ai précisément rencontré chez Richard.
- Et vous, citoyen, poursuit le juge à l'adresse de Lesurques. Connaissiez-vous également les citoyens Richard et Couriol ?
- Je connais Richard. C'est Guénot qui m'a conduit chez lui, le mois dernier.
- Et Couriol ?
- Je l'ai rencontré chez Richard.
- Eh bien, je vous mets en état d'arrestation avec le citoyen Guénot. Je vous soupçonne d'avoir fait partie de la bande ayant attaqué la poste de Lyon.
- Mais qu'est-e que c'est que cette histoire ? s'exclame Lesurques. J'accompagne un ami qui vient récupérer ici ses papiers. Et on me met en prison en m'accusant d'avoir attaqué une malle !
- C'est tout simple, citoyens. Les deux paysannes qui vous précédaient étaient interrogées dans cette affaire. Elles vous ont formellement reconnus. Vous faisiez partie de la bande qui attendait à Lieusaint le passage de la malle-poste."
Ils sont rejoints en détention par David Bernard, loueur de chevaux et propriétaire de eux que conduisait Couriol.

Le procès et le verdict

Le procès s'ouvre dès le 2 août suivant. Lesurques y proteste de son innocence. Cependant, tous les témoins de Montgeron et Lieusaint le reconnaissent formellement :
"- Mais c'est impossible, clame Lesurques. Je n'y suis jamais allé !"
De fait, un bijoutier, Legrand, qui déclare le voir régulièrement, affirme que Lesurques a passé une bonne partie de la journée du 27 avril avec lui : de neuf heures et demie du matin deux heures de l'après-midi.
"- Comment pouvez-vous vous souvenir aussi précisément de cette journée alors que vous le voyiez régulièrement ? interroge le président.
- J'ai vendu ce jour-là à un collègue, Aldenhoff, une cuiller, et lui m'a vendu deux boucles d'oreilles. Vous pensez si je m'en souviens...
- Montrez-moi votre livre de comptes."
Mais le livre de comptes s'avère surchargé à la date indiquée... Du coup, le président reproche vertement à Lesurques d'avoir fabriqué un alibi. Après cet esclandre, les autres témoins qu'il produit sont traités avec suspicion. En revanche, Guénot a davantage de succès. Un policier affirme qu'il a passé la nuit du 27 au 28 avril chez lui.
Le 5 août, le tribunal rend son jugement : si Guénot est acquitté, il prononce une peine de vingt-quatre ans de fers pour Richard, la mort pour Lesurques, Couriol et Bernard. A l'énoncé du verdict, Couriol se lève et hurle :
"- Lesurques est innocent ! Bernard n'a fait qu'assister au partage de l'argent et prêter des chevaux !"
Et de sa prison il indique quels qont en fait leds participants à l'attaque : Dubosq, se disant bijoutier, et qui ressemble effectivement à Lesurques, Lafleur, se disant également bijoutier, Rossi, ayant des relations dans l'administration des Postes, et Jean-Baptiste, dit Laborde.
Cette tardive déclaration n'a aucun succès. Couriol a reconnu être un des participants à l'attaque. Lesurques a été formellement reconnu. Quant à Bernard il a été complice de la préparation, puis du règlement d'une attaque criminelle ayant entraîné la mort de deux innocents. Or, la complicité est punie de la même peine que l'infraction principale.
Leurs pourvois en cassation rejetés, les trois hommes sont exécutés le 31 octobre. Jusqu'au bout, Lesurques clame son innocence que confirme ne nouvelle fois Couriol.

Lesurques innocent ?

Quelques mois plus tard, Jean-Baptiste Durochat, dit Laborde, cité par Couriol, est arrêté. Il reconnaît être le voyageur de la malle-poste. Interrogé sur ses quatre autres complices, il répond :
"- Couriol, Dubosq, Rossi et Lafleur."
Pas un mot sur Lesurques. Il est condamné et guillotiné à son tour.
Quelques temps plus tard, Lafleur puis Dubosq sont pris. Dobosq est le sosie de Lesurques selon Couriol. Mais il est brun quand Lesurques était blond. Les témoins ne le reconnaissent pas. Cependant, il est condamné à mort, comme complice. Lui aussi connaissait Couriol. Il est venu chercher les chevaux chez Bernard et, après l'attaque, il a rencontré à plusieurs reprises les autres inculpés et condamnés. Il est exécuté, après Lafleur. Aucun d'eux n'a mis en cause Lesurques. Puis Rossi est retrouvé. Après sa condamnation et son exécution, son confesseur produit un billet de sa main qui innocente Lesurques... Depuis lors, les héritiers Lesurques provoquent de multiples demandes de révision. La dernière a été rejetée en 1868.
Erreur judiciaire ou membre, dans l'ombre, du gang ? Le dossier peut se lire éternellement dans les deux sens. Car si aucun des condamnés ne l'a mis en cause, il n'avait aucun emploi, spéculait néanmoins, et connaissait bizarrement bien du monde dans la bande...
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