Georges Clemenceau naquit à Mouilleron-en-Pareds (Vendée) en 1841 et fut converti très tôt par un père, opposant au Second Empire, à la République anticléricale et à l'athéisme. Leader de l'extrême-gauche radicale, il ne cessa d'attaquer impitoyablement tous les cabinets de la IIIe République. Bourru, agressif et d'une éloquence tranchante et directe, on redoutait ses mots, féroces, et on le suurnomma Le Tigre. Défenseur de Dreyfus et partisan de la Séparation des Eglises et del'Etat de 1905, il accéda enfin à la présidence du Conseil en 1906 et pendant près de trois ans il va révéler sa redoutable intransigeance mais aussi son sens de l'Etat. Durant les trois premières années de la Grande Guerre, Clémenceau ne cessa de tonner contre tous ceux qu'il accusait de faiblesse, d'incapacité, de défaitisme ou même de trahison. Son arrivée au pouvoir, le 16 novembre 1917, eut un effet immédiat et saisissant sur le pays. Il déclara d'entrée au Palais Bourbon : "Nous nous présentons devant vous, dans l'unique pensée d'une guerre intégrale". Malgré ses 76 ans, Le Tigre allait montrer une activité débordante, un e énergie indomptable et une autorité indiscutée qui le rendit aussitôt immensément populaire. Il lança des phrases qui devinrent célèbres : "Le pays connaîtra qu'il est défendu" ; "Que tout soit zone de l'armée" ; "La guerre, rien que la guerre" ; "Jusqu'au bout" et enfin : "C'est nous qui auront le dernier quart d'heure".
En novembre 1918, dans l'esprit des Français, Clemenceau était devenu le premier Poilu de France et surtout le Père la Victoire. Son ennemi, le grand stratège allemand Ludendorff a profondément admiré sa détermination et déploré que l'Allemagne n'ait pas fait surgir un homme politique de cette trempe.