Bien avant la Grande Guerre, les militaires français eurent l'idée d'utiliser des ballons dirigeables, de forme allongée, baptisés familièrement "saucisses" pour observer sur tout le front les positions de l'ennemi. Ils ne faisaient là qu'appliquer l'invention des frères Montgolfier déjà utilisée par le général Jourdan pendant la bataille de Fleurus en 1794. De leur côté, les Allemands avaient également mis au point des ballons ressemblant aux "saucisses" : les drachen ou dragons (le mot désigne aussi les cerfs-volants) mais dès le début du conflit ils lancèrent de très grands dirigeables le forme de fuseaux : les zeppelins, du nom de leur inventeur, le comte Ferdinand von Zeppelin (1838-1917). Ces engins colossaux, mis au point dans les hangars de Friedrichshafen, sur le lac de Constance, atteignaient 200 à 240 mètres de long, possédaient une armature en aluminium, et étaient gonflés par 70 000 mètres cubes d'hydrogène ; des moteurs à hélices en assuraient la propulsion. Ils pouvaient parcourir des milliers de kilomètres, monter très haut dans le ciel et frapper l'adversaire très loin à l'intérieur de son territoire. Les Allemands affectuèrent deux raids spectaculaires sur Paris, en mars 1915, puis en janvier 1916 au cours desquels ils lancèrent des bombes incendiaires qui détruisirent des immeubles et tuèrent des dizaines de Parisiens. Ces bombardements de populations civiles provoquèrent une vague d'indignation dans tout le pays. Toutefois, les zeppelins n'étaient pas une arme aussi terrible qu'on pouvait le penser et ces énormes dirigeables, lents à manoeuvrer, résistant mal aux intempéries, gonflés à l'hydrogène, donc très inflammables, n'allaient pas pouvoir résister à la montée en puissance de l'aviation de chasse qui les traqua sans pitié. C'est ainsi que de tous les zeppelins envoyés pour bombarder Londres en octobre 1917, aucun n'atteignit son but.