Procéduriers, les Américains n'hésitent pas à porter plainte pour une vétille et à réclamer des dommages et intérêts parfois exhorbitants par rapport aux préjudices subis. A Washington, Soo et Jin Chun, d'honnêtes teinturiers d'origine chinoise, viennent d'en faire la navrante expérience. Leur existence paisible bascule le jour où ls acceptent innocemment de nettoyer à sec le vieux pantalon de Roy Pearson. Ils ignorent encore que leur client est non seulement un célibataire maniaque, mais aussi, comble d'infortune, juge à la Cour suprême. près avoir prodigué au falzar fédéral tous les soins qu'il mérite, les Chun l'égarent dans le stock, il est vrai pagailleux, des vêtements dont il a la charge. Incapables de le retrouver en dépit d'une recherche méticuleuse, ils proposent à Pearson de le lui rembourser sur la base de la valeur des pantalons neufs, taille 46, mélange laine et acrylique. Le juge ne l'entend pas de cette oreille et menace d'engager une action en justice. Ils lui proposent alors de lui verser une indemnité forfaitaire de 4 600 dollars, soit environ cent fois la valeur de l'article perdu. Refus du juge qui réclame 500 000 dollars de "préjudice moral", auxquels vient s'ajouter une astreinte de 1 500 dollars par jour tant que la pièce de sa garde-robe ne lui sera pas restituée. Durant le procès, les Chun ont beau démontrer qu'un futal usagé ne vaut pas une Rolls-Royce, ils sont condamnés. Commentaire des teinturiers, proprement lessivés : "Nous bouclons nos valises et retournons en Chine. Bien sûr, chez nous les fonctionnaires sont corrompus, mais ils abusent de leurs concitoyens avec modération !"