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 L'affaire Fualdès

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Joa
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MessageSujet: L''affaire Fualdès   L'affaire Fualdès EmptyLun 11 Mai - 15:09

A Rodez, le 20 mars 1817, à six heures du matin, un cadavre flotte sur la rivière, près du moulin de Besses, à la sortie de la ville. Repéré par une passante, il est traîné sur la berge. Il est découvert ligoté, une entaille à la gorge. De plus, il est très connu.

Un ancien procureur impérial égorgé

C'est le corps de M. Fualdès, ancien procureur impérial à Rodez. On avait trouvé la veille au soir sa canne, près d'un mouchoir troué, rue des Hebdomadiers. Il laisse une veuve, malade depuis longtemps, et un fils.
De l'enquête menée par le commissaire de police Constans, il s'avère que la veille, en début d'après-midi, M. Fualdès a fait escompter une lettre de change de deux mille francs. Elle lui avait été donnée par M. de Séguret, président du tribunal civil et acheteur de l'un de ses domaines. Il était alors accompagné de son filleul, Charles Bastide-Grammont.
A quatre heures, un employé des Postes luinan remis à son domicile un pli. Il l'a décacheté devant son ami Sasmayous. On l'avisait d'un rendez-vous pour le soir, à huit heures. Il y était allé guilleret, avec sa canne et une grosse sacoche de cuir sous le bras.
Sur les conseils pressants de Sasmayous, le commissaire Constans s'intéresse à la rue des Hebdomadiers où a été trouvée la canne du défunt. Et tout particulièrement à la maison Bancal. Selon la rumeur ruthénoise, Bancal, maçon sans emploi, y prostitue au rez-de-chaussée sa femme et sa fille aînée. Cependant, le commissaire ne trouve aucune trace de sang rue des Hebdomadiers ni chez les Bancal.
Le 22 mars, l'enquête a avancé. Le procureur Fualdès a bien été assassiné chez les Bancal. Il a été attiré dans un guet-apens. De nombreux habitants en ont vu la préparation. Car il y a eu beaucoup d'allées et venues rue des Hebdomadiers cet après-midi et ce soir-là. D'autres ont entendu en fin de soirée des joueurs de vielle jouer sans discontinuer à proximité de la rue des hebdomadiers. C'était à l'évidence pour masquer les cris du malheureux. D'autres enfin ont vu la troupe de ses meurtriers transporter son corps de la rue des Hebdomadiers à la rivière.

Un juge et des rumeurs

Le juge d'instruction Teulat, saisi du dossier, entend ces rumeurs qui parcourent Rodez. Il reprend donc au début l'enquête de Constans. A son tour, il perquisitionne chez les Bancal. Il découvre une couverture tachée de sang avec quelques petites esquilles d'os. La mère Bancal, interrogée, déclare que c'est la bouchère Palou qui la lui a confiée à laver.
"Ce peut être tout autant une couverture destinée à étancher le sang de M. Fualdès", se dit le juge qui met en détention les trois Bancal.
Son hypothèse de travail s'avère rapidement être la bonne. Selon divers témoins, les trois plus jeunes enfants Bancal ont raconté le meurtre à leurs camarades. Allongé sur une table de la cuisine, le procureur Fualdès a été saigné par le père Bancal tandis que la mère Bancal recueillait son sang dans un seau. Il était destiné aux cochons vivant dans la maison. Mais leurs parents n'étaient pas seuls, il y avait d'autres perosnnes dans la cuisine. Et c'était en fait un grand monsieur aux bottes ferrées qui menait l'affaire. Magdeleine Bancal a été vue par l'homme. Troublé, il a proposé quatre cents francs à sa mère pour se débarrasser d'elle. Sa mère a accepté, puis finalement n'a rien fait. Après les Bancal, le juge arrête ceux que l'on a beaucoup vu circuler aux alentours le soir du 19 mars. Ce sont Bousquier, un journalier, Collard, un ancien soldat, Bach, un contrebandier, Missonnier, l'idiot de la ville. Ils contestent aoir eu un quelconque rôle dans la mort du procureur. Mais on les a vus également ensemble au bistrot voisin. Le juge ajoute la concubine de Collard, Anne Benoît. Tous deux logeaient dans la maison Bancal, au troisième étage. La prise se révèle intéressante. Anne Benoît reconnaît le mouchoir à trous trouvé à côté de la canne du procureur. C'était le sien. Il lui servait à arrimer les paniers sur sa tête. Car elle est lingère et lavandière.
Loin d'arrêter les conversations des Ruthénois, ces arrestations successives les relancent.
"Le juge n'a arrêté que des comparses !"
En effet, chuchote la rumeur, on a vu un très grand et un tout petit dans la bande. Or, à Rodez, il y a un très grand, Bastide-Grammont, filleul de Fualdès, et très riche propriétaire. Et un tout petit, Jausion, très riche usurier et agent de change. Deux beaux-frères, du reste. Et pas très aimé l'un et l'autre. D'innombrables témoins les ont surpris, avant ou après le crime, dans des attitudes et des initiatives étonnantes. Ainsi,le lendemain du meurtre, Bastide a fureté chez son parrain avec une clé. Et Jausion en a fait autant. Convoqué, Bastide-Grammont hausse les épaules. Il était en bons termes avec son parrain. La veille au soir et toute la nuit du meurtre, il était chez lui, dans son domaine, et le matin il est allé rejoindre sa maîtresse, la couturière Charlotte Arlabosse, dans son village. Quelle idée par ailleurs de lui imputer le crime au motif qu'il était le débiteur de son parrain. En fait, c'était lui son créancier : il détenait deux lettres de change à échéance du 19 avril 1817 et du 2 mai suivant. il est néanmoins incarcéré.

Le 28 mars, Bousquier passe aux aveux. Il n'a pas assisté au meurtre, mais il a aidé Bach au transport du cadavre. En compagnie d'un grand, dont Bach lui a dit que c'était Bastide, d'un petit et d'une inconnue, belle mais voilée. Il y avait également Collard, Bancal, Anne Benoît et Missonnier dans l'affaire. Le juge Teulat se frotte les mains. Il a vu juste. Sa satisfaction est cependant de courte durée. A la suite d'une querelle de compétence, le dossier lui est retiré pour être confié au prévôt de la Salle.

Une affaire de moeurs ?

Le même jour, un petit homme se présente devant ce dernier. C'est Jausion... Il n'est pas seul. Une soeur de Bastide, Yence, un autre beau-frère de Bastide, viennent avec lui se plaindre de la mauvaise direction donnée au procès. Selon eux, Fualdès était un coureur de jupons. Il s'intéressait à Anne Benoît. Ils pensent que c'est Collard qui a fait le coup. Cette visite aboutit, quelques jours plus tard, à l'interrogatoire de Jausion, l'homme le plus riche du Rouergue :
"Est-il vrai qu'il a fracturé, comme le rapportent les domestiques de Fualdès, le tiroir d'un secrétaire pour en retirer un sac d'écus, le jour de la mort du défunt ?"
Jausion nie. Il a simplement ouvert un tiroir récalcitrant, pour vérifier si des effets de commerce remis à Fualdès la veille de l'assassinat étaient le mobile du crime. Pour le surplus, il s'élève contre les accusations dont on le crédite, et ce pour les mêmes raisons que son beau-frère Bastide-Grammont. Fualdès était son débiteur pour soixante-dix-mille francs. Pourquoi l'aurait-on assassiné ? Si on a vu l'inverse, on a jamais vu un créancier assassiner son débiteur !
Ce n'est pas l'avis du prévôt. Le comportement de Jausion est inquiétant, et il n'y a pas trente-six petits hommes à Rodez. Jausion est donc arrêté à son tour. Mais en définitive les petits homems abondent dans l'entourage de Bastide-Grammont. Il en va ainsi du notaire Bessière-Veynac, son neveu. Confronté, Bousquier le reconnaît formellement. Il est lui aussi arrêté. Il a néanmoins un alibi. Il était chez un médecin et ami et a dormi chez lui. Cet alibi paraît solide à la chambre de l'instruction qui le libère après quarante-deux jours de détention. Le procès à venir prend forme quand un coup dur survient pour l'instruction. Le 5 mai, Bancal est trouvé mort dans sa prison. Sans avoir parlé.

Sans avoir parlé, c'est beaucoup dire. Par chance, il s'était confessé la veille à un ecclésiastique, secondé d'un écrivain anonyme qui a pris en note sa confession. Elle confirme les éléments précédemment recueillis et notamment la présence, lors de l'assassinat, d'une femme inconnue, en châle.

Une affaire politique ?

"Mais qui donc est cette femme" ? se demande le prévôt. Il ne se le demande pas longtemps? La compétence de la cour prévôtale est annulée par la cour d'appel de Montpellier qui renvoie le dossier devant les assises de l'Aveyron. Certes, la procédure est bâtarde, car il manque toujours la fameuse femme. Mais le gouvernement veut aller vite. Malgré les arrestations pratiquées, et qui prouvent que le meurtre a été commis par une bande à la solde de deux familiers de la victime, court en effet à Rodez un bruit concurrent : le meurtre du procureur serait un coup des royalistes du département, qu'il avait beaucoup fait souffrir après le retour de Napoléon de l'île d'Elbe.
"Mais c'est bien entendu moi, la femme voilée." C'est ce que déclare en souriant le 29 juin 1817 Clarisse Manzon, fille du président de la cour prévôtale de la ville, au lieutenant Clémandot, aide de camp du général de Vautré, en garnison à Rodez. Et elle explique qu'elle avait rendez-vous dans la maison Bancal avec un jeune homme. Il n'est pas venu, mais elle a tout entendu.
Abasourdi, Clémendot rend compte à son chef qui alerte le parquet. Convoquée le lendemain, Clarisse Manzon conteste les dires de Clémendot ou plutôt leur nature exacte. Clémendot était collant et jaloux. Elle a voulu s'en débarrasser. Mais le 2 août, elle admet avoir été présente chez Bancal. Elle n'y avait aucun rendez-vous mais y a été en fait poussée. Elle s'est évanouie, puis a été relâchée sans rein avoir vu ou entendu. Puis, à l'occasion de nouvelles auditions, elle revient sur ses déclarations. Elle est en fait totalement étrangère à cette histoire.
"Qu'à cela ne tienne ! Elle sera entendue comme témoin au procès. Et la vérité y jaillira peut-être de sa bouche."
C'est la position à laquelle s'arrête l'accusation.

Trop de témoins à charge !

Le procès s'ouvre le 18 août. Les armes du parquet sont effrayantes ou effarantes selon le côté où l'on se place. Il aligne en effet deux cent quarante-trois témoins à charge dans une ville de six mille habitants. Si on ôte les enfants, une bonne partie de la ville a vu ou su. C'est beaucoup ou beaucoup trop pour être vrai. un pédagogue judiciaire s'y fait également remarquer. M. de Séguret, président du tribunal civil, et débiteur de Fualdès, raconte ce qu'est selon lui l'histoire : Fualdès était l'homme de paille de Jausion. Il a été assassiné pour faire retomber sur sa succession des dettes qui n'étaient pas les siennes. il se fonde sur un témoin qui récuse les propos qu'il lui a prêtés.
Outre ces témoins, deux personnes s'y taillent la part du lion : tout d'abord accusé, Bousquier, qui charge ses codétenus, ainsi que Mme Manzon. Entre de nombreux évanouissements, celle-ci désigne implicitement les accusés, bien que la mère Bancal, interrogée, déclare ne l'avoir jamais vue et que Jausion comme Bastide se bornent à déclarer la connaître de vue. Et pour cause : elle est du même monde qu'eux, mais peu fréquentable, en raison de démêlés conjugaux où elle n'a pas eu le beau rôle. Deux absents de marque en revanche : les joueurs de vielle. Ils ont bien été retrouvés, mais pas entendus. Car leurs témoignages ne concordaient pas avec ce qu'en disaient les uns et les autres.

Rebondissements et nouveaux procès

Si l'accusation a le rôle facile, compte tenu du nombre de ses témoins, les plaidoiries de la défense mettent en avant ses nombreuses et visibles carences. Mme Manzon vient du reste lui prêter main-forte. Interrogée une dernière fois, elle indique que c'était l'amie de son frère, qui se trouvait en fait chez Bancal et lui a raconté ce qui s'était passé. Ce nouvel avatar paraît en effet disqualifier ses dires.

C'est cependant une erreur. Le 12 septembre, dans la nuit, Bastide, Jausion, Collard, la mère Bancal, Bach sont reconnus coupables de meurtre avec préméditation, Missonnier et Anne Benoît de meurtre sans préméditation, Bousquier de noyade du cadavre. La mort est prononcée pour les premiers, le bagne pour les deuxièmes, et un an de prison pour Bousquier, dont le concours à l'oeuvre de justice a été précieux. Mais la Cour de cassation casse l'arrêt rendu et renvoie le dossier evant la cour d'assises d'Albi.
Entre temps, deux séismes se sont produits dans le dossier. D'une part, Clarisse Manzon a été arrêtée pour faux témoignage et complicité de meurtre. Elle avait dit à Rodez : "Tous les coupables ne sont pas dans les fers." On veut en savoir plus et une mise en détention semble idéale pour provoquer des éclaicissements de sa part. D'autre part, Constans, qui avait avancé l'heure du couvre-feu, Charlotte Arlabosse et trois notaires (le frère de Bastide, ses neveux Yence et Bessière-Veynac) que Bousquier et Bach prétendaient avoir vus, viennent compléter, mais dans le cadre de'une nouvelle procédure, la bande des assassins de Fualdès. Bach, Mme Manzon, d'autres témoins déclarent en effet les y avoir vus, ou avoir surpris chez eux des indices criminels.
Il y aurait eu en définitive seize personnes et deux cochons dans la minuscule cuisine des époux Bancal pour saigner M. Fualdès, dont une couturière en goguette, un riche propriétaire, un très riche agent de change et trois notaires.
Un nouveau témoignage, essentiel, vient confirmer ces diverses déclarations. Le meunier Théron, qui pêchait la nuit du meurtre, a vu passer une cohorte, dont il a reconnu les membres. C'étaient les accusés et Bancal.
Le procès des assassins de Fualdès s'ouvre le 25 mars 1818 à Albi, mais contre les seuls individus de l'arrêt cassé et Mme Manzon.
L'accusation a amélioré, s'il était possible, ses armes. Cinq cents témoins spnt convoqués. Nombre d'entre eux n'étaient pas à Rodez, mais se sont rappelés entre-temps avoir assisté à des moments essentiels de la machination ayant abouti à la mort de M. Fualdès.
Le procès se déroule dans une ambiance étonnante. Tous les soirs, les magistrats du procès ont réunion et lunch à la préfecture. En compagnie du préfet, ils font le point sur les avancées du dossier. Il progresse effectivement à grands pas. Sous les questions incisives du président et de ses assesseurs, les témoins de la défense se troublent ou se rétractent. Certains sont mis en détention pour faux témoignage. D'autres ont la chance d'être simplement méprisés ou tenus pour quantité négligeable. Il en va ainsi des époux Saavedra entendus le 16 avril. Ils habitaient au-dessus des Bancal. Ils déclarent avoir simplement entendu Bancal faire sa prière et la faire réciter à ses enfants. Puis ils se sont couchés à huit heures. Rien ne les a réveillés.
Devant ce flot de vérités et de mensonges, le 13 avril, la mère Bancal passe aux aveux. Mais elle n'a rien vu. Sauf Charlotte Arlabosse et es neveux de Bastide.
La vedette reste ici encore Mme Manzon. Accablée d'évanouissements, elle accuse nommément Bastide d'avoir voulu l'égorger ! En réponse, lors des plaidoiries, Bastide lit un discours. Il stigmatise l'invraisemblance de l'accusation. Mais il est accueilli dans l'indifférence. Il y a trop d'aveux et de témoins contre lui et ses complices.
Le 4 mai, la cour rend son arrêt. Bastide, Jausion, Collard, Bach et Mme Bancal sont condamnés à mort, Anne Benoît aux galères et Missonnier à deux ans de prison. Mme Manzon est acquittée.

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Dernière édition par Joa le Lun 18 Mai - 15:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L'affaire Fualdès   L'affaire Fualdès EmptyLun 18 Mai - 15:02

Un mois plus tard, Bastide, Jausion, Collard sont exécutés. Bach et la mère Bancal ne sont ni graciés ni exécutés. Ils sont gardés en réserve pour l'autre procès, celui des notaires et de l'ancien commissaire Constans. Ce deuxième procès s'ouvre le 21 décembre 1818. On y retrouve les mêmes, sauf, naturellement, les morts. Mme Manzon déclare avec abondance avoir vu Yence et Bessière-Veynac parmi les seize personnes qui occupaient avec deux cochons la petite cuisine des Bancal. Bousquier et Bach en font autant. Les témoins précédents également. Mais les alibis des accusés s'avèrent solides. Certains témoins de l'accusation reconnaissent avoir été stipendiés ou se trompent grossièrement. Enfin, tous les écclésiastiques de la région défilent et se portent garants de Bessière-Veynac et de Yence.
La cour d'assises acquitte en définitive tous les accusés le 15 janvier 1819.
Bousquier, Bach, Mme Manzon ont donc menti... Mais s'ils ont menti pour eux, n'ont-ils pas menti pour les autres, puisque c'est sur leurs déclarations que reposait l'accusation, à savoir leur présence chez les Bancal ? C'est la question que commencent à se poser certains...
De fait, sur leur lit de mort, Bousquier, le meunier Théron, la mère Bancal, Mme Manzon se rétractent. Ils n'ont rien vu, rien entendu. Pris dans la tourmente du procès, ils ont hurlé avec les loups, pour ne pas être guillotinés. De Bach on ne saura rien. Il a disparu dans le système pénitentiaire, après avoir demandé à être entendu et, dit-on, sans avoir rien dit quand il a été interrogé.

Une erreur judiciaire ?

L'image d'une victime saignée comme un cochon sur la table de cuisine des époux Bancal, au son entêtant de deux vielles, voilà ce qui reste de l'affaire Fualdès. L'analyse froide des données du procès conduit à une toute autre vision, celle d'un délire collectif dans le cercle fermé d'une petite ville de province.
Pour une population totale de six mille trois cents habitants à l'époque, soit de mille huit cents adultes peut-être, cinq cents personnes, soit près d'un tiers de la population adulte, auraient été témoins, d'une manière ou d'une autre, d'un meurtre avec préméditation, associant les hommes les plus riches de la ville ou de la région (un propriétaire terrien, un agent de change, trois notaires) à un contrebandier de passage, à l'idiot de la ville, à un proxénète occasionnel, une lavandière, un ancien soldat, pour mettre à mort, à quelques pas de chez lui, un ancien magistrat, endetté, débiteur de ses assassins présumés. Ceux-ci auraient fait le choix invraisemblable de la cuisine de la maison la plus mal famée de la ville pour le tuer, sans que les voisins du dessus n'entendent quoi que ce soit, alors que, familiers de la victime ils pouvaient l'éliminer partout ailleurs, et noramment lors d'un déplacement, si tant est qu'on ait vu un créancier assassiner son débiteur en mesure de régler ses dettes.
Mieux, à l'exception de sa femme et de son plus proche ami, auxquels il n'aurait paradoxalement rien dit, tout le monde aurait su qu'il avait un rendez-vous d'affaires cette nuit-là avec les deux plus riches hommes de la ville ou du département.
Des comparses, recrutés le jour même et qui n'auraient tiré le moindre profit du crime, auraient aidé à le tuer et à précipiter son corps dans la rivière. Le tout en présence d'une fillette et d'une femme de qualité qui aurait choisi pour ses rendez-vous amoureux un taudis à la réputation exécrable.
Alors ? Crime crapuleux ou politique ? Vengeance d'un amant ? L'affaire d'Espalion ? Ou un épisoe de la foire de la mi-carême à Rodez ? Bach et Bousquier ?
En tout cas, nonobstant l'autotité de la chose jugée, il est douteux que les choses se soient passées comme cela a été précisément jugé.
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