En adjugeant, pour la somme astronomique de 14.4 millions d'euros, une composition du plasticien anglais Damien Hirst, la maison d'enchères Sotheby's de Londres a battu, en juin 2007, un record pour une oeuvre d'un artiste vivant. Intitulé Lullabry Spring, le chef-d'oeuvre se présente sous la forme d'une armoire à pharmacie contenant 6 136 pilules faites et peintes à la main. Déjà célèbre pour son Requin dans le formol, Hirst semble ne pas avoir attendu que sa cote grimpe pour négocier ses oeuvres aux meilleurs prix. Ainsi apprend-on dans un livre qui lui a été consacré, qu'un soir, au National Theatre de Londres, Sir Trevor Nunn, un producteur de comédies musicales qui s'était discrètement glissé au côté du peintre pour lui susurrer à l'oreille : "Mon cher Damien, savez-vous qu'il y a quelques années j'ai acheté l'une de vos toiles, La Tulipe bleue ?", s'était entendu répondre : "J'en suis flatté, mais, dites-moi, combien l'avez-vous payée ?
- Oh, pas cher, seulement 25 000 euros."
Hirst avait amicalement tapoté la manche du producteur.
"A mon tour de vous dire un secret : ce tableau a été peint par mon fils, Connor, quand il avait deux ans."
Nunn s'était éloigné en blêmissant. Pourtant, plusieurs années plus tard, le tableau avait trouvé acquéreur pour 70 000 euros ! Au milieu du siècle dernier, n'était-il pas courant d'entendre des mères de famille s'esclaffer devant une oeuvre de Pïcasso : " Ca un chef-d'oeuvre ! Mon fils de deux ans est capable d'en faire autant."