Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, a parcouru la France en tous sens à la recherche de chef-d'oeuvre en péril, et il en a sauvé effectivement beaucoup. Pourtant, ce qui lui est arrivé à Ille-sur-Têt ne concerne pas le fonctionnaire, mais l'écrivain. Des fouilles étaient en cours et quelques vestiges gallo-romains venaient d'être dégagés, dont une tête de statue qui était vraisemblablement celle d'une Vénus. On ne sait pourquoi, Mérimée fut vivement impressionné par cette image et, la nuit qui suivit, qu'il passa dans l'hôtel de la petite ville, une histoire fantastique lui vint à l'esprit.
Un certain M. de Peyrehorade, habitant Ille-sur-Têt, découvre sur ses terres une magnifique statue de Vénus en bronze. Tout de suite, l'objet d'art manifeste son caractère inquiétant en renvoyant une pierre qu'un gamin lui a lancée... Quelque temps plus tard, le fils de M. de Peyrehorade se marie. Le lendemain de la cérémonie, il se débarrasse de sa bague pour jouer à la paume et, par jeu, passe l'anneau au doigt de la statue. Mais quand il veut la récupérer, la statue a replié son doigt et il ne peut plus la retirer. Le lendemain, on le retrouve dans son lit, mort étouffé ; au pied du lit, gît son alliance.
Sa femme, devenue folle, raconte qu'elle a vu la statue arriver et étreindre son mari jusqu'à le tuer.
Le récit, paru en 1837 sous le titre de La Vénus d'Ille, est un des plus réussis de Mérimée. Ce dernier le considérait même comme son chef-d'oeuvre.
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