Dans la Chine féodale, empereur, mandarins et gros propriétaires terriens évaluaient complaisamment leur richesse au nombre de leurs concubines. A l'heure où austérité communiste et libéralisme effréné coexistent tant bien que mal dans l'Empire du Milieu, il semble que cette unité de valeur soit redevenue à la mode. Ainsi la presse s'est-elle émue de constater que Pang Jiayu, soixante-trois ans, vice-président du Parti communiste de la province de Shaanxi, surnommé "Fermeture Eclair" par ses proches, entretenait pas moins de onze maîtresses, toutes placées ainsi que leurs maris respectifs à des postes importants et bien rémunérés.
Exhortant les cadres du Parti à "ne pas sombrer dans la débauche" car "entretenir des secondes épouses et leurs maris mènent à la corruption", Le Quotidien du Peuple a invité ses lecteurs à dévoiler "les secrets personnels" des édiles. Les résultats ne se sont pas fait attendre, la palme revenant à un responsable du PCC de Jiangsu - nanti de cent-quarante-six concubines ! - tandis que l'ancien numéro 2 de la région du Hubei décrochait la médaille du "labeur", car "il aimait faire l'amour avec sa secrétaire sur la grande table en acajou de la salle de réunion", et que le prix de la meilleure "gestion" était décerné au maire d'une ville de l'Anhui pour avoir nommé à un poste de cadre supérieur l'une de ses sept maîtresses, avec pour mission de gérer les six autres "selon leurs capacités érotiques". Portés par cette vague de pudibonderie, d'astucieux internautes offrent maintenant sur la Toile un nouveau jeu vidéo, "Combattant incorruptible". La règle consiste à torturer virtuellement un fonctionnaire véreux et sa concubine pour accéder à un monde idyllique, chaste et intègre !